Puy-de-Dôme : Au parc Vulcania, la grève contre une situation sociale explosive

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Pour une revalorisation de leurs salaires et contre la dégradation de leurs conditions de travail, près de la moitié des salariés en CDI du parc Vulcania (Puy-de-Dôme) ont débrayé le 15 mars. Les délégués FO n’écartent pas une deuxième mobilisation si la situation ne s’améliore pas.

La grève au sein du parc Vulcania, à Saint-Ours-les-Roche (Puy-de-Dôme), est une première, indiquent Valérie Empson et Brice Jacquet, délégués syndicaux FO sur le parc. C’est l’expression d’un ras-le-bol, la traduction d’une situation sociale explosive qui dure depuis bien trop longtemps. Le 15 mars, les salariés ont débrayé durant 2 heures pour demander une revalorisation salariale, et dénoncer les dégradations de leurs conditions de travail. Cette mobilisation, à l’initiative de Force Ouvrière, a été suivie par 23 salariés sur les 58 CDI que compte le parc. C’est presque 50 % des effectifs, nous sommes donc satisfaits de cette grève, se réjouit Valérie Empson.

27 départs de salariés depuis 2016

Après un changement de direction en 2016, un management autoritaire a été mis en place au sein de Vulcania, soulignent les délégués syndicaux. Il y a eu 27 départs en 6 ans, c’est énorme, constate Valérie Empson. Ce sont des démissions, mais aussi des personnes que l’on a poussées vers la sortie, voire des abandons de postes. Encore actuellement, tout le monde déplore le climat social du parc et souhaite partir. Ces départs ont une incidence sur la charge de travail des autres salariés.  La direction prend beaucoup de temps pour les remplacer, explique Brice Jacquet. Par exemple, nous avons dû attendre deux ans avant que le responsable technique soit recruté.

Les salariés déplorent aussi un manque de respect de la réglementation en matière de droit du travail et d’organisation des plannings, indique le tract syndical. Les plannings changent du jour au lendemain, parfois même plusieurs fois dans la même journée, précise Valérie Empson. Et l’on ne sait pas vraiment qui a la main dessus. Les plannings ne sont pas toujours affichés, ajoute Brice Jacquet. Cela implique beaucoup de stress pour les travailleurs, surtout quand on leur annonce au dernier moment qu’ils devront rester plus tard.

La dégradation des conditions de travail inquiète le personnel du parc, notamment sur la question de la sécurité alors que Vulcania accueille une nouvelle attraction.  On a vu une situation où une personne en alternance assurait seule une des attractions. Lorsque nous avions signalé cela à la direction, leur réponse fut que la personne n’était pas seule puisque les personnes de l’accueil étaient présentes sur le parc. Or, cela ne peut être suffisant, raconte Valérie Empson.

Des augmentations individuelles pour ceux ayant « du savoir vivre et du savoir être »

L’augmentation des salaires est aussi une revendication importante pour les grévistes et alors que les délégués se heurtent à un mur de la part de la direction. Il y a une absence totale de dialogue social, témoigne Brice Jacquet. La direction organise des réunions mais ne prend jamais en compte nos propositions. Les instances représentatives du personnel sont méprisées. Cerise sur le gâteau, les dernières négociations annuelles obligatoires (NAO) se sont soldées par un échec. La direction proposait des augmentations collectives de 0,4 %, ce qui est très insatisfaisant ! Et concernant les augmentations individuelles, à hauteur de 2,1 %, elle a précisé qu’elle serait pour les salariés ayant du savoir faire et du savoir être…., s’indigne Valérie Empson.

La prise en compte de l’ancienneté figurait également dans les revendications. Beaucoup d’anciens sont partis du parc, parfois sous la pression. La direction a, par la suite, recruté d’autres personnes en les engageant au plus bas de la grille salariale, explique la déléguée syndicale. Il y a aussi des intermittents qui, avec des contrats d’une durée de 8 mois, sont payés 11 euros/heure, c’est très bas ! Outre les 58 salariés permanents, Vulcania emploie plus de 150 saisonniers à la pleine saison. Leur salaire est majoré seulement après 5 ans d’ancienneté. Or, il n’y a aucune logique de fidélisation envers ces travailleurs, constate Brice Jacquet. Et, lors des réunions NAO, la direction refuse même d’entendre le mot saisonnier, arguant qu’il est impossible de faire plaisir à tout le monde...

L’UD a saisi l’inspection du travail

C’est justement pour ne pas pénaliser ces salariés, les plus fragiles économiquement, qu’un débrayage entre 12 et 14h a été décidé comme mobilisation ce 15 mars. Afin qu’ils ne perdent pas une journée de salaire, souligne Brice Jacquet. Nous avons tendu une perche à la direction en lançant l’appel à la grève 5 jours en amont afin que soient engagées des discussions. Or, il n’y a eu aucune réaction.

Le nombre de personnes en grève est encourageant, d’autant plus dans un contexte de menaces et de pressions de la part de la direction, soulignent les délégués syndicaux. Lorsque la direction a appris la mobilisation, certains salariés se sont entendu dire qu’il faudra en assumer les conséquences, témoigne Valérie Empson. Son collègue évoque aussi une surveillance importante via le réseau de caméras du parc : On a vu des salariés qui ont été convoqués après avoir discuté avec les délégués syndicaux. La direction cherchait à savoir pourquoi ils avaient parlé avec nous.

Après ce premier coup de semonce, les délégués n’écartent pas la possibilité d’une seconde mobilisation  plus forte et importante si rien ne change. Les délégués syndicaux seront reçus par la direction le 23 mars. Frédéric Bochard, secrétaire général de l’Union départementale FO du Puy-de-Dôme, s’est d’ailleurs rendu à Lyon le 14 mars afin d’alerter le conseil régional à propos de la situation sociale au sein du parc Vulcania. En accord avec les salariés, l’UD a également saisi l’inspection du travail.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération