Pyrénées : les cheminots du Train Jaune en grève pour préserver la sécurité

SNCF par Clarisse Josselin

Le Petit Train Jaune de la Cerdagne. Photographie de Cristian Bortes [CC BY 2.0]

Depuis le 3 juillet, les agents de la gare de Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales, sont en grève le lundi et le jeudi à l’appel de FO et de la CGT. Ils dénoncent la volonté de la SNCF de supprimer un poste d’agent de la circulation, ce qui, selon eux, pourrait remettre en cause la sécurité des passagers.

Ce jeudi 6 juillet, le « Canari », ce petit train qui traverse le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes, est resté partiellement à l’arrêt. Les dix cheminots de la gare de Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales, sont en grève illimitée à l’appel de FO et de la CGT depuis le 3 juillet. Les deux équipes cessent le travail durant quatre heures à leur prise de service, les lundis et jeudis. Conséquence, ces jours-là, deux trains sont supprimés et des retards sont à prévoir.

 


Bertrand Sammut, délégué syndical FO -
Propos recueillis par Suzanne Shojaei, France Bleu Roussillon

 

Les syndicats dénoncent la volonté de la SNCF de supprimer un poste d’agent de circulation dans cette gare. Ses missions seraient assurées par le chef de ligne. Pour les cheminots, c’est hors de question. L’agent de circulation doit gérer les manœuvres du train, les arrivées et les départs, explique Bertrand Sammut, délégué FO et chef de ligne à Villefranche-de-Conflent. Le chef de ligne, lui, a interdiction de sortir de son bureau. En cas d’incident, il doit être prêt à couper en urgence l’alimentation électrique de la ligne. Il estime donc que conserver les deux postes est indispensable pour assurer une sécurité optimale.

Un fonctionnement basé sur le risque calculé

La direction pense que le chef de ligne pourrait sortir avec une radio et courir à son bureau en cas de problème, poursuit-il. Depuis plusieurs années, on va vers un fonctionnement basé sur le risque calculé. On s’oriente vers un système britannique, mais on a vu le nombre d’accidents et de morts que ça a produit.

Bertrand Sammut, également secrétaire départemental de FO cheminots, rappelle aussi que depuis l’été 2014, le nombre de circulations du Train Jaune a été réduit de seize à dix en haute saison pour des raisons de sécurité. L’autorité française de sécurité ferroviaire a estimé que le chef de ligne ne pouvait pas gérer plus de dix circulations par jour, et maintenant on voudrait lui rajouter des missions, c’est contradictoire, poursuit-il.

La mobilisation pourrait durer tout l’été

Selon le délégué FO, la direction ne souhaite plus poursuivre les négociations entamées en septembre 2016. Les agents ont donc décidé de se mettre en grève pour se faire entendre, alors que la haute saison démarre. Ce train de montagne plus que centenaire est pris d’assaut durant l’été par les touristes. Il parcourt 63 kilomètres, avec un dénivelé de 1 200 mètres, et dessert notamment Bolquère, la plus haute gare de France, à 1 593 mètres d’altitude. Notre organisation nous permet de tenir dans la durée et de ne pas trop embêter les voyageurs, nous sommes partis au minimum pour les deux mois d’été, prévient le délégué FO.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante