Qui veut la mort du paritarisme ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Projets de suppression de cotisations sociales et piques contre les syndicats abondent ces derniers temps notamment du côté de quelques actuels favoris des élections présidentielles, suggérant des chocs radicaux. Aperçus dans la presse.

Le Monde
Parmi les propositions évoquées par l’ancien ministre de l’économie (Emmanuel Macron), la suppression des cotisations maladie (0,75 % du salaire brut) et chômage (2,4 %) acquittées par un salarié. Cette suppression des cotisations salariales serait compensée par une hausse de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG). [...] Entre la disparition des cotisations que nous proposons et la hausse de la CSG, une personne au Smic verra son revenu augmenter de 250 euros par an, promet l’équipe de M. Macron. Ce qui devrait approcher les 21 euros par mois. Le paritarisme vaut bien plus que ça.

Marianne
L’objectif de l’opération est clair : remettre en cause le principe même de l’assurance chômage. Il s’agit de remplacer un droit des salariés, issu de leurs cotisations, à une prestation d’assurances sociales leur assurant un taux de remplacement relativement satisfaisant, par une prestation uniforme, de faible montant. Bref la proposition de Macron, en apparence favorable aux salariés, consiste à tirer le premier fil par où détricoter les protections sociales dont bénéficient aujourd’hui tous les salariés. Il s’agit aussi d’écarter les syndicats de la gestion de l’assurance chômage. L’Unedic n’étant plus financée par des cotisations salarié, sa gestion paritaire n’aurait plus de justification. Les syndicats de salariés n’auraient plus leur mot à dire. Les décisions pourraient être prises par le patronat et par l’État, analyse l’économiste Henri Sterdyniak. Bref, une voie royale pour l’autoritarisme social et l’ordolibéralisme.

La Croix
Qui pointe son oreille ailleurs. François Fillon promeut [...] la dégressivité des allocations d’assurance-chômage – un chiffon rouge pour les syndicats – et menace de l’imposer aux partenaires sociaux s’ils n’adoptaient pas d’eux-mêmes cette réforme. Le Medef aura alors beau jeu d’expliquer aux syndicats qu’ils ont tout intérêt à négocier avec lui, poursuit Jean-Charles Simon, ancien directeur général délégué du Medef, auteur d’une note récente de l’Institut de l’entreprise sur le paritarisme.

La Tribune
[François Fillon] a prévenu, l’État reprendra directement la main sur l’assurance chômage. Il serait donc mis fin à la délégation de service public instituée en 1958 au moment de la création de l’Unedic. L’idée est dans l’air : D’ailleurs, François Fillon n’est pas le seul dans cet état d’esprit. Emmanuel Macron, veut, lui aussi, que l’État reprenne la gestion de l’assurance chômage, voulant en finir avec la fiction de la sa gestion autonome.... Quant au président du Medef, il se dit favorable à ce que les syndicats et le patronat continuent de gérer l’assurance chômage. Pour autant, il sait qu’une victoire de François Fillon à la présidentielle permettrait au Medef de négocier une nouvelle convention en situation de force. Beau temps en perspective.

Challenges
De son côté, Emmanuel Macron compte s’attaquer à notre modèle social hérité de 1945, en passant d’une société des statuts à celle des sécurités individuelles. Un chantier de longue haleine qui nécessiterait deux quinquennats : Construire cette société que nous voulons prendra dix ans, écrit-il. Sans compter quelques résistances.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante