Rachat de La Provence/Corse Matin  : les emplois enfin sauvés ?

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Thierry DUDOIT/EXPRESS-REA

Sous réserve de la décision du tribunal de commerce de Bobigny, l’armateur CMA CGM devrait reprendre la tête du groupe de presse La Provence, auquel appartient Corse-Matin, face à son concurrent Xavier Niel, fondateur de Free. Pour les salariés du groupe, dont les emplois devraient être sauvés, c’est un grand soulagement.

C’est la fin du bras de fer entre les chefs, se réjouit Tristan Malle du SGJ-FO. Et pour les salariés, un répit qui rassure, ajoute Sandrine Sagols, élue FO au sein de la filiale Corse Distribution du groupe de presse. Le 30 août, les deux potentiels repreneurs du groupe de La Provence ont enfin trouvé un accord : la holding NJJ appartenant à Xavier Niel a vendu à l’armateur CMA CGM la totalité de ses titres au capital social du groupe de presse La Provence. Il détenait 11% de ce capital. Voilà plusieurs mois que les deux concurrents se déchiraient dans le cadre du rachat du groupe.

Après le décès de Bernard Tapie en octobre 2021, tous deux avaient en effet proposé de racheter les parts détenues par le groupe de l’homme d’affaires, soit 89 %. Après des mois de procédure et d’incertitude pour les salariés, ce récent accord de rachat semble enfin tourner une page. Toutefois, nous attendons encore la validation du tribunal de commerce de Bobigny le 30 septembre, précise Sandrine Sagols. Sous cette réserve, le poids lourd du transport maritime devrait devenir le seul maître à bord de La Provence. Le groupe de presse phare du sud de la France compte 850 salariés.

La fin d’une période « stressante » pour les salariés

Ceux-ci, et notamment les 250 personnes se trouvant en Corse, voyaient leur sort suspendu depuis plus de 10 mois. En juillet, Force Ouvrière avait d’ailleurs organisé un rassemblement suivi d’une conférence de presse à Bastia pour alerter quant au devenir des emplois à Corse-Matin. Il s’agissait notamment d’informer le grand public, explique Sandrine Sagols. Aujourd’hui, les emplois semblent sauvés, sous réserve de la décision du tribunal de commerce. La militante insiste sur l’angoisse des salariés maintenus des mois dans l’incertitude. Ca a été une période très dure, particulièrement stressante.

De nombreuses questions demeurent. On ne sait pas encore qui pilotera la rédaction et s’il y aura des conséquences sur les emplois, prévient Sandrine Sagols. Mais déjà c’est un premier soulagement, estime-t-elle.

Maintenant il faut rattraper le retard

Après un second appel d’offres lancé en février pour le rachat de parts du groupe Bernard Tapie de La Provence, seul le projet de reprise de CMA CGM avait été retenu par les co-liquidateurs judiciaires. Il s’élevait à 81 millions d’euros contre 20 millions pour celui de Xavier Niel. Cette offre avait également été validée par les six comités sociaux et économiques de l’entreprise. Afin de remporter la mise, Xavier Niel, avait tenté alors de faire valoir son droit de veto en tant qu’actionnaire minoritaire. Peine perdue. Le tribunal de commerce de Marseille a, par deux fois, suspendu cette clause d’agrément, estimant que sa mise en œuvre manifesterait un conflit d’intérêts.

Alors que les deux titres du groupe, La Provence et Corse-Matin, connaissent des difficultés financières, il y avait urgence à ce que la relance s’opère et que des investissements conséquents soient effectués, alertait Julia Sanguinetti, déléguée syndicale FO de Corse-Matin, sur BFM en mai dernier. L’entêtement de M. Niel à nous mener de procédure en procédure et d’appels en appel fait prendre un grand retard.

Le plan de reprise proposé par CMA CGM, nous rassure, car il nous permettra de nous développer, a estimé Jean-Christophe Serfati, président de La Provence. D’autant que depuis 2013 et durant toute la période Bernard Tapie, les investissements étaient bloqués par les procédures en cours. Maintenant, il va falloir rattraper le retard !

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération