Le rapport Enderlein – Pisani Ferry propose un « agenda pour la France, l’Allemagne et l’Europe ». Au-delà du fond des préconisations, réduire l’Europe à deux de ses États membres, quels que soient leurs capacités d’entrainement, est, à tout le moins, maladroit.
Sur les domaines sociaux, le rapport étend à l’Europe ce qu’il conçoit pour les deux pays. Là encore, cela n’a pas de sens et est très dangereux. Et chercher à harmoniser par le bas des systèmes différents (aux origines et fondements différents) découle d’une méthode régressive.
Ce rapport dresse un diagnostic contestable car partisan, voire idéologique. De nombreuses parties de son contenu semblent avant tout écrites pour permettre aux pouvoirs publics français et allemands de tenter de justifier leurs réformes en cours ou envisagées et leurs servir de « vernis scientifique ».
Sur le fond, tout le traditionnel catalogue libéral y passe : Aller au bout de la construction d’une « flexicurité » à la française / modifier les modalités d’indexation du Smic : sur productivité et non plus salaires (les auteurs considèrent que les salaires augmentent trop vite ?) / réduire encore le « cout du travail » / passer à un rythme triennal pour les négociations salariales et donc geler sur trois ans les salaires / réduire l’intervention publique et les missions de l’État et accroitre et accélérer la baisse des dépenses publiques pour l’État et les collectivités locales / etc.
En matière d’investissement, si Force Ouvrière partage et défend la nécessité de coopérations inter États en Europe avec des réels investissements ambitieux (comme nous le revendiquons avec la CES selon un plan d’investissement de 2% du PIB européen chaque année durant 10 ans), notamment dans les domaines de l’énergie, il n’est pas admissible de considérer que les niveaux d’investissements en France sont suffisants et n’ont pas à être augmentés.
Force Ouvrière réfute les pré-requis idéologiques du rapport, ne partage pas une bonne partie du diagnostic et condamne les nombreuses préconisations régressives en matière de droits sociaux et fragilisant dangereusement les principes républicains ainsi que ceux de la construction européenne.
Pour la France comme pour l’Europe, ce rapport est un agenda sans lendemain.