RATP : mobilisation historique contre l’ouverture à la concurrence

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Fred Romero from Paris, France, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Les 18 000 machinistes-receveurs de la RATP sont appelés à la grève, du 24 au 26 mai, par FO et tous les syndicats. Face au refus unanime des organisations de signer le projet d’accord augmentant le temps de travail, la direction a annoncé des mesures unilatérales dès juillet.

Pendant trois jours, aucun bus ni aucun tramway RATP ne circulera, avertit Laurent Djiballi, secrétaire général de FO-Groupe RATP, deuxième syndicat, qui prédit une mobilisation historique. Du 24 au 26 mai, à l’appel de FO et de tous les syndicats, les 18 000 machinistes-receveurs (conducteurs de bus et tramways) sont appelés à la grève face à la casse des conditions de travail qui se précise à grands pas, sur fond d’ouverture à la concurrence du réseau de bus en janvier 2025. La colère est au plus haut parmi les agents, alors que la direction a mis un terme aux négociations sur le temps de travail, aucun syndicat n’ayant accepté de signer son projet d’accord. Elle a annoncé sa décision unilatérale, à compter du 1er juillet, d’augmenter de 46 minutes le temps de travail quotidien, avec une hausse salariale de 460 euros brut annuels. C’est le maximum qu’elle peut imposer. Dans ce contexte, la mobilisation les 24, 25 et 26 mai promet d’être plus importante que lors de la grève du 25 mars, déjà très suivie, avec 70 % de grévistes !

 La RATP veut réduire sa masse salariale

 La direction fait du chantage aux salariés. Nous ne l’acceptons pas, martèle Laurent Djiballi, rappelant que le délai légal de quinze mois, permettant la renégociation d’un accord de substitution (après dénonciation d’un accord), n’est pas écoulé. La RATP ayant dénoncé l’accord temps de travail début 2021, nous pouvons négocier jusqu’à fin juin 2022, ajoute-t-il. Le syndicat conteste en justice cette fin anticipée des négociations, jugée abusiveLa RATP veut profiter du contexte d’ouverture à la concurrence pour réduire sa masse salariale, afin de se positionner face à la concurrence, dénonce le militant FO. Pour remporter les futurs appels d’offres, et donc se montrer le plus offrant, la RATP use de l’augmentation du temps de travail, manière de réduire les coûts de production. Évidemment, le discours officiel est autre. La RATP a ainsi motivé la renégociation du temps de travail par la nécessité de préparer le réseau  aux conditions d’exploitation de l’ouverture à la concurrence, laquelle s’accompagnera du transfert des conducteurs de bus RATP vers les filiales (de la RATP ou des concurrents) ayant remporté les appels d’offres. Quelle que soit leur entreprise, tous seront aux 35 heures par semaine. Aujourd’hui, à la RATP, ils travaillent 33 heures par semaine.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération