RATP : mobilisation historique pour les salaires

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

FO, avec l’ensemble des organisations syndicales de la RATP, a appelé les agents à faire grève vendredi 18 février pour exiger une hausse de salaire conséquente dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). Face aux propositions jugées « méprisantes » de la direction (+0.4%), le personnel a massivement a cessé le travail, entraînant de très fortes perturbations sur les réseaux.

Avec un trafic totalement interrompu sur sept lignes de métro, une circulation uniquement aux heures de pointe sur les autres (à l’exception des deux lignes automatiques) et de très fortes perturbations dans les RER, bus et tramways, l’appel à la grève lancé le 18 février par FO et l’ensemble des organisations syndicales de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) a été particulièrement bien suivi. Selon le syndicat FO Groupe RATP, le taux de mobilisation a notamment atteint 80% chez les conducteurs de métro et de RER.

Une telle mobilisation pour des NAO, c’est historique à la RATP, se félicite Laurent Djebali, secrétaire général de FO Groupe RATP, première force syndicale chez les opérateurs et la deuxième dans l’ensemble de l’EPIC RATP.

Les revendications de cette mobilisation unitaire portaient sur les salaires. Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui ont démarré le 1er février, la direction a proposé une augmentation générale de 0.4%. C’est bien maigre face à une inflation en hausse de 2.9% sur un an, selon l’Insee. Concrètement, les salariés gagnant entre 1500 à 2000 euros percevraient de 6 à 8 euros de plus par mois, alors que les prix vont continuer à s’envoler d’au moins 3% dans les mois qui viennent d’après les prévisions.

FO revendique une augmentation de 90 à 100 euros nets pour tous. Cette mesure serait plus juste pour les bas salaires, pour lesquels elle correspondrait à une hausse d’environ 5%, explique Laurent Djebali. La direction affirme de son côté proposer une augmentation moyenne de 2,7 %. Or selon les syndicats, sont intégrés à cette hausse l’avancement, l’ancienneté ainsi que des mesures catégorielles qui ne concernent pas tous les salariés, loin de là.

Les négociations au point mort

Irrespect de l’entreprise vis-à-vis des salariés lors de l’ouverture des NAO sur la réévaluation de leur salaire, tel est le motif de l’appel à la grève déposé par le syndicat FO, qui dénonce mépris et mascarade.

Les syndicats rappellent que la RATP a réalisé plus de 200 millions d’euros de bénéfices l’an dernier, et un milliard d’euros depuis 2015. Ils rappellent également que les salariés ont continué d’assurer le transport public des voyageurs durant la crise sanitaire.

Une nouvelle réunion de négociation, la troisième, était organisée ce 18 février. Plusieurs centaines de salariés en grève s’étaient rassemblés devant le siège de la RATP, à Val de Fontenay (Val-de-Marne). Ils ont reçu le soutien d’Yves Veyrier, secrétaire général de la confédération FO, et de Patrice Clos, secrétaire général de la fédération des transports et logistique FO-UNCP.

Lors de cette séance, la direction est restée figée sur sa proposition initiale d’une hausse générale de 0.4% provoquant la colère des manifestants qui ont envahi la salle. Plusieurs d’entre eux ont pris la parole pour exprimer le mépris ressenti, expliquant par exemple au porte-voix qu’une hausse de 0.4% ne correspondait même pas à un sandwich grec.

La réunion a ensuite pu reprendre, mais pas pour longtemps. La direction nous ayant expliqué qu’elle n’avait pas mandat pour aller au-delà d’une enveloppe d’augmentations de 7,6 millions d’euros, la discussion a été très vite bloquée, poursuit Laurent Djebali, qui dénonce un monologue patronal.

Ouverture à la concurrence

Cette attitude sur les salaires est d’autant plus mal vécue qu’elle se déroule dans un contexte d’ouverture des réseaux à la concurrence, à laquelle FO est opposée. Les bus seront concernés dès le 1er janvier 2025, les métros et RER en 2040. En prévision des futurs appels d’offre, la direction tente déjà de gagner en compétitivité, en s’attaquant aux conditions de travail et au temps de travail des machinistes. L’objectif de la grève était aussi de montrer notre force pour tous les chantiers de destruction à venir indique le syndicat FO-RATP

L’intersyndicale se réunira la semaine prochaine pour discuter des suites à donner à la mobilisation. Face à une telle arrogance et sans autre réponse de l’entreprise, FO Groupe RATP organisera avec les salariés les actions nécessaires qui sauront faire comprendre et entendre à nos dirigeants notre demande légitime, prévient le syndicat.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération