Renault : FO soutient la création du pôle industriel électrique

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© HAMILTON/REA

Parce qu’il marque un engagement pour la fabrication en France de véhicules électriques, donne des perspectives aux trois sites Renault de Douai, Maubeuge (Nord) et Ruitz (Pas-de-Calais) tout en maintenant l’emploi des 4 800 salariés, FO a signé l’accord actant la création de « Renault ElectriCity ». Mais le syndicat revendique une harmonisation sociale « par le haut » pour les salariés, qui seront regroupés dès janvier 2022 dans une même entité juridique.

Le futur pôle industriel électrique de Renault dans la région Hauts-de-France se précise. Avec l’officialisation, lundi 28 juin, de l’annonce de l’implantation d’une usine de batteries électriques, sur le site du constructeur automobile à Douai (Nord), une pièce maîtresse se met en place. L’objectif du futur établissement d’Envision AESC, filiale japonaise du chinois Envision, qui a signé un partenariat avec Renault, est ainsi de produire dans un premier temps 150 000 batteries par an, destinées principalement aux trois usines de la marque au losange à Douai, Maubeuge (Nord) et Ruitz (Pas-de-Calais). Regroupées dès janvier 2022 pour constituer le pôle « Renault ElectricCity », celles-ci produiront la nouvelle génération de voitures électriques du constructeur (dont la future R5 électrique), avec un objectif de 400 000 véhicules en 2025.

FO a signé l’accord pour « l’électrique français »

La première pierre du projet de transformation industrielle « Renault ElectricCity » a déjà été posée le 8 juin par un accord-cadre sur « l’avenir des sites Renault dans le Nord » signé par l’ensemble des organisations syndicales, dont FO Renault. Cet accord-cadre répond à notre revendication de maintien de l’emploi dans l’industrie automobile française, qui engage sa transition du véhicule thermique au véhicule électrique. En pleine actualité sur la nécessaire relocation des productions, c’est une excellente nouvelle pour le made in France, explique Mariette Rih, déléguée syndicale centrale de FO Renault. Evidemment, précise la militante FO, nous aurions préféré que la future usine de batteries électriques soit française. Mais la nationalité du fournisseur de batteries traduit la réalité du marché actuel.

Des perspectives industrielles après des mois d’incertitudes

Pour les 4 808 salariés des trois usines Renault, la concrétisation de ce pôle électrique est une perspective rassurante, après des mois d’incertitudes. Quand le constructeur a annoncé, fin mai 2020, son plan de suppression de 4 600 emplois en France (près de 10 % des effectifs), sa création n’était qu’une hypothèse. En redonnant des perspectives industrielles aux trois sites, l’arrivée de ce pôle électrique dégage aujourd’hui un horizon obscurci par une baisse historique des volumes de production, accentuée par la crise sanitaire. L’objectif de Renault (qui a affiché 8 milliards d’euros de pertes nettes en 2020) est de relever le taux de charge des usines à au moins 70 % de leur capacité.

Le complexe nordiste en est loin. Sur le site de Douai, qui emploie 2 708 salariés en CDI, la production prévue cette année est de 25 000 véhicules, contre 157 000 en 2017, 91 000 en 2019 et 51 000 en 2020 (pour une capacité de 300 000 unités). Sur le site de Maubeuge, qui emploie 1 663 salariés en CDI, le volume prévisionnel 2021 s’élève à 110 000 véhicules, alors que l’usine peut produire jusqu’à 250 000 véhicules.

700 recrutements en CDI d’ici fin 2024, sans compter les fournisseurs

Marqueur du changement, l’accord prévoit —au regard des volumes prévisionnels de production en 2025 et de l’attrition naturelle (notamment les départs en retraite, NDLR)— l’embauche entre 2022 et fin 2024 de 700 salariés en CDI sur les trois sites Renault, dont 350 sur celui de Maubeuge et 350 entre les usines de Douai et de Ruitz.

Autre point significatif pour Mariette Rih, l’accord-cadre crée les conditions de la création d’un pôle d’excellence dans la région, qui doit permettre de développer l’emploi dans la filière automobile. En effet, Renault veut créer autour de ses usines une infrastructure des différents composants du véhicule électrique, grâce à l’implantation d’un réseau de fournisseurs.

Première retombée annoncée, l’implantation de l’usine de batteries électriques Envision devrait générer 1 000 créations d’emplois d’ici 2024, et près de 2 500 à l’horizon 2030.

La création de cet « écosystème » passera aussi, selon l’accord, par des partenariats avec des universités, des campus en vue de mettre en place des dispositifs de formation initiale et continue adaptée à l’évolution du marché automobile.

L’harmonisation des statuts ne peut se faire que par le haut

Pour les 4 808 salariés des usines de Douai, Maubeuge et Ruitz, la constitution du pôle électrique signifie concrètement le transfert automatique de leur contrat de travail (avec maintien de l’ancienneté), dès le 1er janvier 2022, auprès d’une nouvelle entité juridique baptisée Renault ElectricCity. Elle sera une filiale à 100% de Renault SAS.

L’accord-cadre du 8 juin apporte des garanties aux salariés, en matière de rémunérations, d’organisation du temps de travail et dans la gestion des mobilités, dans le cadre de l’harmonisation —à venir— des statuts sociaux et des dispositions des accords d’entreprise et d’établissement, précise Mariette Rih, déléguée syndicale centrale de FO Renault. Parmi ces garanties, le maintien pour les salariés transférés de la rémunération annuelle nette (hors prime exceptionnelle) versée en 2021, avec neutralisation des périodes d’activité partielle.

Les premières négociations (sur l’organisation du temps de travail, la rémunération, le dialogue social) sont prévues au second semestre 2021. Toutes les autres (sur la prévoyance, les frais de santé, etc.) sont attendues entre janvier 2022 et fin mars 2023. FO a déjà posé sa ligne rouge, prévient Mariette Rih, cette harmonisation sociale ne peut se faire que par le haut. Nous voulons reprendre le meilleur de ce qui a été négocié sur chacun des trois sites, martèle-t-elle.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération