Assez inquiet à son arrivée au siège du Medef le 7 mars au matin, Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de la délégation FO, en est ressorti un peu moins pessimiste dans l’après-midi, à l’issue des discussions. Les interlocuteurs sociaux se retrouvaient pour la première de quatre séances de négociation pour fixer de nouvelles règles sur l’assurance chômage.
Lors d’un tour de table, chaque organisation syndicale a exposé ses positions, texte à l’appui. Le Medef, qui avait fait parvenir en amont un projet d’accord très défavorable aux demandeurs d’emploi, est essentiellement resté dans l’écoute.
Tous les sujets potentiels de négociation ont pu être mis sur la table. FO a de nouveau présenté sa proposition de mettre en place un système de bonus-malus sur les contrats courts, sujet crucial qui avait fait échouer les négociations il y a neuf mois. Cette réforme vise à inciter les employeurs à recruter en CDI.
Elle irait de pair avec une nouvelle méthode de calcul des allocations journalières, déjà exposée en juin, pour répondre à une demande du patronat. Ce dernier estime que le système actuel permet à ceux qui alternent contrats courts et périodes de chômage de travailler moins pour gagner davantage.
Les syndicats favorable à une hausse des plafonds
Autre point de désaccord, les seniors, dont les conditions d’indemnisation sont considérablement durcies par le patronat. Ce dernier souhaite repousser de 50 à 59 ans la possibilité de bénéficier jusqu’à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois pour le régime général. La CFDT a suggéré de reporter à 52 ans l’âge d’entrée dans la filière, une proposition qui pourrait éventuellement aboutir à un compromis côté syndical. Dans ce cas, il faut voir ce qu’on peut faire pour la tranche d’âge 50-52 ans
, a réagi Michel Beaugas. Pour favoriser un retour rapide à l’emploi, il propose une formation qualifiante de six mois qui s’ajouterait au droit à indemnisation de 24 mois.
En matière de budget aussi, les syndicats pourraient s’entendre. Le projet d’accord patronal n’évoque aucune recette supplémentaire, alors que le régime perd entre 3 et 4 milliards d’euros par an et affiche une dette de 30 milliards d’euros. FO a de nouveau proposé de relever le plafond des cotisations à l’assurance chômage et du montant des indemnités à huit fois le plafond de la Sécurité sociale, soit le double de l’assiette actuelle. Cela permettrait de d’augmenter les recettes d’environ 500 millions d’euros. Toutes les organisations syndicales ont rallié notre positionnement
, se félicite Michel Beaugas.
Intersyndicale le 13 mars au siège de FO
L’ensemble des organisations syndicales se retrouveront le 13 mars au siège de la confédération FO, à l’invitation de Michel Beaugas, pour tenter de trouver des positions communes sur certains points. Les trois organisations patronales ont la même ligne, nous aussi nous devons trouver des points d’accord pour peser dans la discussion
, explique-t-il.
Pour FO, la priorité est de protéger les droits des seniors et des jeunes, ces derniers étant visés par le recalcul des indemnités journalières voulu par le patronat. Dans le texte patronal, nous sommes encore très très loin d’un accord équilibré entre les efforts demandés aux salariés et ceux demandés aux entreprises, poursuit Michel Beaugas. Mais j’ai le sentiment que les discussions ont permis d’ouvrir un peu les perspectives. Tout dépendra de l’effort que fera le Medef sur les contrats courts.
La prochaine séance de négociation aura lieu le 14 mars. Le Medef pourrait fournir en amont une nouvelle mouture du projet d’accord. Les négociateurs ont aussi demandé à l’Unédic de réaliser des études et chiffrages sur les différentes propositions. De quoi avancer dans les discussions, qui doivent se conclure au plus tard le 28 mars pour être agréées avant la présidentielle.