Neuf mois après l’échec des négociations pour fixer de nouvelles règles sur l’Assurance chômage, les interlocuteurs sociaux retournent autour de la table le 7 mars. Les discussions, qui se tiendront au siège du Medef, s’annoncent difficiles, d’autant que le calendrier est très resserré.
Comme convenu, le Medef a produit le 28 février un nouveau texte qui doit servir de base aux discussions. Il a repris, en l’enrichissant, le protocole d’accord tel qu’il était en juin 2016, juste avant le clash. Tous les efforts financiers reposent sur les demandeurs d’emploi, et surtout les plus précaires, et il n’y a aucune recette supplémentaire, c’est inadmissible en l’état
, dénonce Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de file de la délégation FO.
Contrats courts : les employeurs incités à s’auto-réguler
Le patronat accepte enfin d’aborder, mais seulement du bout des lèvres, la question cruciale des contrats courts, qui avait fait échouer les négociations en juin dernier. L’ensemble des organisations syndicales exigent une surtaxation des contrats de moins d’un mois, qui plombent les comptes de l’Unédic. FO revendique spécifiquement un système de bonus-malus.
Pour sa part, le Medef propose un système non contraignant et sans objectifs chiffrés. En cas d’abus, les branches concernées seront incitées à ouvrir des négociations
et à mettre en place des incitations pertinentes
d’ordre économique ou juridique. Et encore, seulement lorsque cela est possible
. Pourquoi les employeurs iraient-ils s’auto-réguler alors qu’ils ne le font pas aujourd’hui ?
pointe Michel Beaugas.
Autre ligne rouge pour FO, la question des seniors, qui peuvent bénéficier jusqu’à 36 mois d’indemnisation, contre 24 mois pour le régime général. Le Medef souhaite repousser l’âge d’entrée dans la filière à 59 ans, contre 50 ans actuellement. Pour FO, c’est hors de question.
Le rôle des entreprises « oublié »
Le patronat persiste aussi à modifier les règles de calcul du cumul allocations-salaire pour les demandeurs d’emploi qui alternent contrats courts et périodes de chômage, souvent des jeunes. Il estime que le système actuel peut encourager les personnes à travailler moins pour gagner davantage. Comme en juin dernier, le Medef suppose que ceux qui cumulent allocations et salaire sont tous des resquilleurs, dénonce Michel Beaugas. C’est inadmissible, non seulement ce n’est pas vrai, mais on oublie le rôle des entreprises dans cette affaire.
Le Medef s’en prend aussi à l’État, à qui il demande de réviser la contribution de l’Unédic au budget de Pôle emploi. Actuellement, l’assurance chômage finance près des deux tiers du service public de l’emploi en lui versant 10 % de ses ressources, soit plus de 3 milliards d’euros. Il suggère que dorénavant, ce montant ne puisse être supérieur à la dotation versée par l’État.
Quatre séances jusqu’au 28 mars
Nous ne sommes pas opposés à une révision, mais encore une fois, ce sont les demandeurs d’emploi qui vont en pâtir, et il n’est en pas question, réagit Michel Beaugas. C’est le Medef qui avait choisi de faire passer ce taux à 10 %, il doit assumer. En revanche, ce serait un juste retour des choses que les salariés de Pôle emploi cotisent à l’Unédic, à condition que cela se fasse sans baisse de salaire.
Comme en juin dernier, FO proposera aussi de rehausser le plafonnement des cotisations et des allocations, afin d’augmenter les recettes de l’Unédic.
Les discussions s’annoncent difficiles, d’autant qu’elles seront express, avec seulement quatre séances, programmées jusqu’au 28 mars. Les interlocuteurs sociaux se sont fixé comme objectif d’aboutir à un accord avant l’élection présidentielle, pour préserver le paritarisme, remis notamment en cause par le candidat Emmanuel Macron. Il faut sauvegarder le paritarisme, mais FO ne signera pas à n’importe quel prix
prévient Michel Beaugas.