Restauration ferroviaire : FO contre une réorganisation qui dégrade les conditions de travail

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© F. BLANC

Près de 300 salariés de la restauration ferroviaire se sont rassemblés le 25 mars près de la gare Montparnasse à Paris à l’appel de FO, syndicat majoritaire, dans le cadre d’une intersyndicale. Ils ont exigé le retrait du plan de réorganisation voulu par la direction, et qui engendrerait notamment une dégradation des conditions de travail et, pour certains, une perte de rémunération.

Bien qu’en activité partielle depuis des mois en raison de la crise sanitaire, près de 300 salariés de la restauration ferroviaire se sont rassemblés le 25 mars sur le site de la gare Paris-Montparnasse à l’appel FO, dans le cadre d’une intersyndicale. Parmi eux, des « roulants », salariés de Newrest Wagons Lits, qui assurent le service dans les wagons-bars et des « sédentaires », salariés de Facilit’rail, chargés de la logistique (approvisionnement des trains en marchandises).

Tous sont opposés au projet de réorganisation voulu par la direction, et qui pourrait être mis en place dès la reprise de l’activité de restauration ferroviaire, à la levée des restrictions sanitaires.

 La direction de Newrest-Wagons-Lits et de Facilit’Rail France profite de la Covid et du chômage partiel pour entreprendre une remise en cause de nos accords, dénonce Philippe Herbeck, secrétaire général de FO Cheminots, présent dans ce rassemblement. Objectif de l’employeur, faire baisser les coûts en prévision de l’appel d’offre que la SNCF va lancer en septembre 2021 pour renouveler le contrat de sous-traitance de la restauration ferroviaire.

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Optimisation à outrance

Tous les services seraient impactés par ces réorganisations du travail. Pour les roulants, la direction de Newrest veut créer un « axe unique » à Paris. Les agents commerciaux ne seraient plus rattachés à une gare mais ils pourraient désormais travailler sur plusieurs sites (gare de l’Est, Montparnasse ou gare de Lyon).  L’objectif visé par la direction est d’optimiser les plannings, ce qui aura de nombreuses répercussions sur les conditions de travail, explique Jean-Marc Staub, délégué syndical central FO chez Newrest-Wagons-Lits. Cela va aussi modifier la rémunération car les agents touchent une part variable basée sur le chiffre d’affaires des ventes, et certains axes sont plus rentables que d’autres.

Il dénonce également la volonté de la direction de raccourcir à trente minutes (contre une heure actuellement) les fins de service à l’arrivée à Paris. Cela conduirait à une optimisation à outrance, en permettant par exemple deux aller-retours à Nantes ou Rennes dans la même journée, ce qui n’est pas possible aujourd’hui, ajoute-t-il. Une autre crainte du syndicat est le remplacement des caissiers par des machines, avec au final des suppressions de postes.

Les manifestants se sont opposés par ailleurs à la fusion de deux services avec des métiers différents, la coordination centrale et les gestions quotidienne des plannings. Le tout sans contrepartie.  A l’avenir tout le monde ferait la même chose, mais pas avec le même salaire, synthétise Jean-Marc Staub. Les organisations syndicales parmi lesquelles FO, majoritaire, ont lancé trois expertises pour analyser les impacts de ces projets de réorganisation.

FO revendique un rattachement à la convention collective du rail

Chez les sédentaires, c’est la volonté de la direction de fermer le dimanche l’entrepôt de Charenton qui cristallise la colère. Ce site d’avitaillement des trains en marchandises était auparavant ouvert 24h sur 24h. Or, cette réorganisation entraînerait un allongement des cycles et une dégradation des conditions de travail.  Il faudra travailler deux fois plus du jeudi au samedi pour assurer l’approvisionnement des trains le dimanche, et la charge va aussi augmenter le lundi, en raison des retours du dimanche, dénonce André Leroux, délégué syndical central FO chez Facilit’Rail.

Les salariés vont également perdre l’indemnité du travail du dimanche, couplée le cas échéant à une prime de nuit. Le manque à gagner est estimé à 100 euros par mois par le militant. On aura certaines semaines des repos secs d’une seule journée au lieu de deux jours d’affilée, et la cadence va être infernale, ajoute-t-il. Il souligne également que l’entreprise Facilit’rail France utilise plus de 70% d’intérimaires, alors même que certains postes sont pérennes. Les appels d’offres se traduisent toujours par des baisses d’effectifs et une dégradation des conditions de travail, les marchés étant toujours donnés au moins disant, s’insurge-t-il.

Plus largement, la fédération FO des cheminots et l’union FO de la restauration ferroviaire demandent toujours le rattachement de ces salariés à la convention collective du rail, et non pas à celle de la restauration rapide et collective, comme le souhaite la direction. Au niveau national, Newrest-Wagons-Lits emploie 1 200 salariés et Facilit’rail 400 salariés. Pour nous ce sont des cheminots, le donneur d’ordre reste la SNCF, qui veut toujours la prestation la plus classe possible, mais la moins chère possible, rappelle Philippe Herbeck.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération