Retraites : à la veille de la réponse des « sages », les travailleurs disent toujours « Non » à la réforme

Les articles de L’InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

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Avec plus d’un million et demi de manifestants en France ce jeudi pour la douzième journée de mobilisation interprofessionnelle à l’appel de l’intersyndicale, il est clair une fois de plus que la réforme des retraites, les travailleurs n’en veulent pas. A la veille de la décision du Conseil constitutionnel sur la conformité de la réforme ce 14 avril, les travailleurs demandent toujours le retrait d’une réforme injuste et brutale qu’ils combattent depuis trois mois. Pour FO, l’exécutif ne doit pas continuer à s’entêter dans cette réforme et c’est un préalable à toute discussion, y compris avec le président de la République. Pour la Confédération, au lieu de cette réforme, il est plus qu’urgent de « prendre les choses par le bon bout » et donc de parler emploi et salaires.

Les slogans des 400 000 manifestants parisiens ce 13 avril auront-ils retenti jusqu’au Conseil constitutionnel, situé à vol d’oiseau à quelques encablures de la place de l’Opéra d’où partait le cortège ? Chacun l’espère, alors que les « sages » de la rue Montpensier rendront ce vendredi 14 avril leur décision quant à la conformité, ou non, totale ou partielle de la réforme des retraites. Quoi qu’il en soit, en cette douzième journée de mobilisation interprofessionnelle ce jeudi, la motivation des travailleurs à défendre leur droits, toujours et encore, et donc à s’opposer à la réforme des retraites voulue par le gouvernement ne faisait aucun doute. Une réforme que 70% de l’opinion et 94% des travailleurs rejettent. Une réforme injuste, brutale, qui plus est adoptée à coup de 49.3, cela après un parcours parlementaire aux débats malmenés par l’utilisation en cascade d’articles constitutionnels permettant de les cadenasser.

A Paris comme ailleurs sur le territoire, une fois de plus depuis le 19 janvier, plus d’un million et demi de travailleurs ont bravé le mauvais temps et battu le pavé dans plusieurs centaines de cortèges. 25 000 manifestants à Nantes, 70 000 à Toulouse, 130 000 à Marseille, 9000 à Rouen, 3000 à la Roche-sur-Yon, 3000 à Auxerre, 1000 à Sens, 35 000 à Bordeaux, 4000 à Reims, 7000 à Tarbes... Depuis trois mois, les cortèges provinciaux confirment leur dynamisme. Une forme de réponse aux esprits chagrins qui s’emploient à pointer actuellement un « essoufflement » dans le mouvement de contestation à l’appel de l’intersyndicale (huit organisations de salariés dont FO et cinq organisations de jeunesse).

Le 1er mai en perspective...

Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel « cela ne change rien sur le fond » indiquait Frédéric Souillot dans le cortège parisien, le secrétaire général de FO rappelant que FO a toujours été pour le retrait du texte de réforme. Quant à la proposition du président de la République, faite le 12 avril à Amsterdam (Pays-Bas), d’organiser bientôt « un échange », on comprend une rencontre avec les organisations syndicales... « Enfin ?! » lançait avec humour Frédéric Souillot, rappelant aussitôt que « les organisations demandent depuis trois mois à être reçues » par Emmanuel Macron. « On verra bien quelle sera l’invitation. Nous irons. Il faut y aller en intersyndicale. Et l’on dira au président ce que l’on a dit à la Première ministre : pour que l’on discute de tous les sujets qui concernent les syndicats de travailleurs, il faut une pause à la réforme, un retrait, une suspension..., comme l’exécutif l’appellera ! Mais, tant qu’il y a la réforme dans le viseur, il n’y a pas de discussion » indiquait le secrétaire général.

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Et quoi qu’il en soit soulignait-il, « on va continuer le mouvement. Et dans le calendrier, dans deux semaines, il y a le 1er mai qui sera encore plus particulièrement que d’habitude proche du travail et des travailleurs ».

Et ces travailleurs, qui depuis janvier, dans la rue et par des grèves, combattent une réforme des retraites que l’exécutif souhaite faire appliquer dès septembre et qui porte le recul de deux ans, à 64 ans, de l’âge légal de départ ainsi qu’une accélération du calendrier pour l’allongement de la durée de cotisation, mais aussi la fin des régimes spéciaux, comptent bien aussi se faire entendre sur les salaires et l’emploi.

« Dès le 12 juillet dernier » souligne Frédéric Souillot, l’intersyndicale, FO en tête, avait porté la revendication d’une vraie hausse des salaires alors que le gouvernement mettait en œuvre son projet de loi sur le pouvoir d’achat, lequel contournait tout apport pérenne aux salaires en ne concevant que des mesures ponctuelles (chèques, primes) ne résolvant rien. « Nous allons donc continuer à revendiquer pour les salaires, les conditions de travail, ... Et peut-être que le président de la République va nous entendre, prendre les choses par le bon bout ! Avant de parler de retraites, il faut parler travail, emploi, salaire, condition de travail, reconversion, etc » martelait le secrétaire général de FO à la veille de la décision du Conseil constitutionnel.

Ce 14 avril, un rassemblement organisé par l’URIF FO et auquel se rendra Frédéric Souillot, aura
lieu à 19h devant l’Hôtel de Ville de Paris.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération