Retraités : actions et revendications ce 17 novembre

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Plusieurs organisations de retraités, dont l’UCR-FO (Union confédérale des retraités FO) ainsi que les retraités FO de la Fonction publique, appellent à une journée d’actions, notamment pour leur pouvoir d’achat ce mardi 17 novembre.

Bien sûr, en période de confinement, il ne s’agit pas d’organiser de grandes manifestations même si des autorisations ont été demandées pour quelques rassemblements tel en Côte d’Or, Bouches du Rhône ou encore Loire-Atlantique. Les retraités qui prévoient des initiatives locales dont des réunions, conférences de presse ou encore communiqués, iront aussi en délégations rencontrer les préfets et demander audience, tel à Paris, aux ARS (agences régionales de Santé). Il s’agira aussi pour eux de mettre l’accent sur la nécessité de parapher la carte-pétition toujours ouverte à signature (3 000 signatures pour l’instant) et à adresser au président de la République.

Cette carte est garnie des cinq principales revendications : le refus de nouvelles pertes de pouvoir d’achat alors qu’il est déjà amoindri, ce qui conduit les organisations à demander 100 euros pour tous, tout de suite. Le pouvoir d’achat a en effet reculé de 20% en douze ans indique Didier Hotte, secrétaire général adjoint de l’UCR-FO. Les organisations demandent aussi la revalorisation des pensions indexée sur le salaire moyen, et non plus sur l’inflation, l’accès à la Santé pour tous et la prise en charge de la perte d’autonomie à 100% dans la branche maladie de la Sécurité sociale.

Un recul marqué du niveau de vie depuis 2018

Nous avons le sentiment que les retraités [quelque dix-sept millions de personnes en France, NDLR], deviennent une catégorie à part, marginalisée. Alors nous avons décidé de réagir explique Didier Hotte, secrétaire général adjoint de l’UCR-FO, annonçant que les organisations ont sollicité une rencontre avec le chef de l’État. Certains nous décrivent même comme une génération de privilégiés, ce que l’on n’admet pas. Nous n’avons pas volé notre retraite ! Nous avons l’impression qu’un conflit de générations est en train de monter tandis que le confinement sert à cacher une politique de manque, de moyens pour la santé, de lits dans les hôpitaux… s’irrite le militant rappelant au passage les ravages du virus sur les personnes âgées avec 80% des décès dans ces strates d’âge. Les retraités actuels, souligne-t-il encore, ont connu des périodes difficiles les 40h, les périodes de guerre… Bref, martèle-t-il la solidarité, on en connaît le sens.

Alors que le niveau de vie des retraités est en berne depuis 2013 et particulièrement en baisse depuis 2018, les organisations fustigent ce mouvement de recul et les mesures, déjà en vigueur ou envisagées, qui ne font qu’enfoncer plus encore le niveau de vie des seniors. Les revenus ont largement été réduits par la hausse de la CSG, le gel des pensions et des complémentaires, la non-revalorisation des pensions qui n’ont pas suivi le coût de la vie : ces dernières douze années, les prix ont augmenté de 13 % et les pensions nettes seulement de 8,60 %. Un rapport officiel constate même que le niveau de vie moyen des personnes en retraite a diminué de plus de 3 % entre 2017 et 2018. Depuis un peu plus de deux ans, les pensions ont perdu 5,5 % de pouvoir d’achat constatent encore les retraités soulignant la nécessité d’un plan de relance du pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Qui plus est dans cette période difficile pour l’économie, ce n’est pas le moment de réduire le pouvoir d’achat des salariés et retraités.

Des idées pour nous faire les poches

Autre motif de mécontentement, pour le moins : les pistes présentées en septembre par le rapport de Laurent Vachey pour le financement de la 5e branche autonomie de la Sécurité sociale actée le 7 août. Cela ne correspond pas à notre demande appuient les retraités rappelant qu’on peut s’interroger sur la nécessité de créer une branche spécialement dédiée aux questions de perte d’autonomie, qui peuvent toucher jeunes comme anciens, alors que la branche assurance-maladie actuelle est en charge des questions de santé. Handicapés et personnes âgées se retrouveraient ainsi mis à part alors qu’ils auraient toute leur place dans la branche maladie. FO n’a eu de cesse de demander la création d’un 5e risque au sein de la branche maladie.

Alors qu’un projet de loi sur l’autonomie devrait être présenté au premier trimestre 2021, le rapport avance des mesures consistant à solliciter financièrement les retraités. Il s’agit de nous faire les poches résument les organisations indiquant que les mesures reviennent à prendre environ 4,2 milliards aux retraités soit 70% des six milliards nécessaires à une future loi sur le grand âge.

Le rapport propose ainsi d’augmenter de plus de 10% la CSG des retraités pour obtenir la même taxation (9,2%) que chez les actifs. Est proposé aussi de baisser l’abattement fiscal sur l’impôt sur le revenu, en le faisant passer de 10% à 5%. Rien que ça… Une telle disposition si elle était en vigueur, fulminent les organisations rendrait des milliers de retraités imposables, leur supprimerait l’accès à certaines dispositions réservées aux personnes non imposables et augmenterait l’impôt de ceux qui le sont déjà.

Des propositions injustifiables

Autre idée : créer une nouvelle journée de solidarité pour tous. Pour retraités cela pourrait se traduire par le doublement de la contribution additionnelle de solidarité (Casa) soit le passage de 0,3 % à 0,6 % du prélèvement sur nos pensions.

Le rapport envisage encore d’autres mesures telle une cotisation patronale pour les personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile. Elles en étaient exonérées jusqu’à présent. Cerise sur le gâteau, à cette mesure s’ajouterait une disposition fiscale, soit la limitation à 6 000 euros du crédit d’impôt auquel cette aide donne droit. Cela pénaliserait les personnes ayant besoin de plus de 40 minutes d’aide/jour s’indignent les organisations.

Autre indignation, le rapport propose d’abaisser le plafond de la réduction au titre des frais de dépendance et d’hébergement pour les personnes âgées accueillies en établissement. Les retraités craignent aussi, entre autres, un nouveau calcul de l’APA (aide personnalisée pour l’autonomie) qui tiendrait compte du niveau de patrimoine.

Une pension sur trois est inférieure à 1 000 euros

Autant de mesures inadmissibles lancent les retraités. Pour Didier Hotte, il est hors de question que les retraités soient ramenés à la portion congrue sur la question de la dépendance et que ce budget, via la fiscalisation du financement, soit aux mains de l’État. Et le militant de rappeler que la retraite en France est un système solidaire et intergénérationnel…

Les organisations remettent quelques pendules à l’heure. Les retraités sont à la retraite, c’est comme ça. Ils ne sont pas non plus responsables de la crise sanitaire, ni du chômage lance Didier Hotte. Et les retraités ont bien en tête quelques chiffres les concernant : une pension sur trois est inférieure à 1 000 euros et par ailleurs en l’absence de revalorisation réelle depuis 7 ans, plusieurs millions de retraités ont une pension nette inférieure à celle qu’ils percevaient au 1er avril 2013. Et ce ne sont pas les 0,3 % de cette année (sauf pour les pensions inférieures à 2 000 euros qui ont eu 1 %) et les (peut-être) 0,4 % de l’an prochain qui changeront quoi que ce soit.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération