Retraites : Cette réforme n’est ni fondée, et ça n’est ni, a fortiori, le moment !

BFM TV le 6 septembre 2021 par Secrétariat général, Yves Veyrier

© F. BLANC

BFM TV – « Non Stop » lundi 6 septembre 2021 - Retraites : la réforme finalement lancée ?

Vous êtes toujours opposé à une quelconque réforme des retraites avant la fin du quinquennat ?

Yves Veyrier : J’ai l’impression de réagir comme je l’ai fait, il y a de cela deux mois, au lendemain de l’allocution du Président de la République qui avait déjà laissé entendre que si la crise sanitaire venait à être derrière nous, il pourrait revenir avec le sujet des retraites, notamment, sur la question de la fin des régimes spéciaux et sur la pension minimum de 1 000 euros. Mais, il ajoutait, ne l’oublions pas, il faudra travailler plus longtemps. J’avais répondu à l’époque que c’était complètement infondé. Quelque temps auparavant il avait lui-même indiqué que son projet était extrêmement complexe, porteur d’inquiétudes et il semblait considérer, enfin, que la question de l’emploi était la clé et non celle de supprimer le système existant.
Je redis clairement les choses, c’est non ! Et ce sera non de la part de FO. Nous avons d’ores et déjà annoncé une mobilisation le 5 octobre. Au centre, il y a la volonté de réaffirmer clairement que c’est non au retour de la réforme des retraites, dont tout un chacun a compris, quelle que soit la manière dont on la présente, qu’elle vise à conduire à devoir travailler plus longtemps.

Vous appelez à la mobilisation d’ores et déjà début octobre mais est-ce que si vous maintenez cet appel, vous n’êtes pas, d’une certaine manière, déconnectés parce que les régimes spéciaux ça représente aujourd’hui 3,4% de la population active, ça coûte très cher : 8 millions d’euros par an à l’État et ces régimes ne s’autofinancent pas et par ailleurs, les Français sont majoritairement favorables à leur suppression ?

YV : Encore une fois, évidemment c’est la façon électoraliste de présenter les choses, parce que, de sa part, c’est effectivement s’appuyer sur le fait qu’une minorité de français est concernée. Je vous rappelle quand même que, ce qu’appelaient, le Président de la République et le gouvernement, « régimes spéciaux », c’est l’ensemble des régimes, existant aujourd’hui, qui devaient aller vers un système unique par points. Alors, il ne le dit pas explicitement, mais qu’entend-il par suppression des régimes spéciaux ? Je n’ai pas oublié !
Et, sur la question des 1 000 euros de pension minimum, quelles sont les conditions ? Quand nous avions posé la question à Monsieur Delevoye, à Monsieur Pietraszewski, au Premier ministre de l’époque, la réponse c’était : 1 000 euros de pension minimum pour une carrière complète. Et, dans le cadre du projet du gouvernement, la carrière complète est de 43 ans de travail à temps plein au Smic. D’abord, celui ou celle qui travaillerait toute sa durée d’activité à temps plein, il serait heureux, parce que malheureusement beaucoup de ces emplois au Smic sont aussi des emplois précaires… Mais, aujourd’hui, celui ou celle qui travaillerait pendant 43 ans à temps plein et au Smic aurait déjà les 1 000 euros. Et, les 1 000 euros, ce n’est même pas 85% du Smic, ce qui était le projet déjà à l’époque.

On entend vos arguments, ce sont ceux-là qui vous motivent à retourner dans la rue début octobre à un moment où l’économie semble repartir. Est-ce que c’est vraiment le moment de refaire des blocages ?

YV : Je retourne la question. Est-ce que c’est vraiment le moment de revenir avec ce dossier de la réforme des retraites ? Le gouvernement a été incapable d’expliquer, de convaincre au terme de deux années et demie de concertation, ce qui a conduit à un conflit social majeur à l’époque. Est-ce que c’est le moment ? Nous avons vu le Premier ministre la semaine dernière, que nous a-t-il dit ? La première des priorités du gouvernement, aujourd’hui, c’est la crise sanitaire. Je reprends ses termes exacts : la crise sanitaire est là, elle est bien là. Elle n’est pas derrière nous !. Donc si je reprends ce que disait le Président de la République, cette réforme n’est ni fondée et ça n’est ni, a fortiori, le moment !

Secrétariat général Le Secrétaire général de la Confédération la représente et en est le porte-parole. Il assure la coordination du bureau confédéral et la mise en œuvre des orientations décidées par les instances confédérales.

Yves Veyrier Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière