Les organisations syndicales, très remontées à leur arrivée contre un projet patronal qui leur avait été transmis à la fin de la semaine dernière, ont finalement obtenu du Medef qu’il révise sa copie. L’organisation patronale avait en effet considérablement durci ses positions depuis la dernière réunion plénière du 10 avril. Elle était passée d’une proposition d’économiser 5 milliards d’euros d’ici à 2020 dans les régimes Arrco (tous les salariés) et Agirc (cadres), à un objectif de 8,4 milliards d’euros sur cette même période. Pour y arriver, le Medef suggère d’instaurer des abattements dégressifs sur les pensions complémentaires perçues avant 67 ans. Pour les salariés prenant leur retraite à 62 ans, la décote atteindrait 40% la première année, puis 30% à 63 ans, 18% à 64 ans, pour finalement tomber à 2% à 65 ans et 1% à 66 ans. Selon le négociateur du Medef, Claude Tendil, il s’agit « d’éléments d’incitation à travailler à 63 ou 64 ans ». Les syndicats s’opposent à ces propositions patronales, qu’ils qualifient de « mesures punitives », et qui toucheraient de plein fouet les générations nées entre 1957 et 1960. Un salarié non cadre partant à la retraite à 62 ans subirait une baisse de sa pension (retraite de base et complémentaire) de l’ordre de 12% et un cadre dans la même situation une réduction d’environ 20%.
FO demande une hausse des cotisations
« Aujourd’hui le Medef fait peser tous les efforts sur les retraités et les salariés, un accord ne peut pas avoir un coût prohibitif, il faudra une contribution de tout le monde, y compris de la part des entreprises, via une augmentation de la cotisation », prévient Philippe Pihet. Le négociateur FO se félicite toutefois de « la volonté d’avancer de la part de la délégation patronale », tandis que le Medef a accepté de présenter de nouvelles propositions issues de réunions bilatérales avec les syndicats avant le prochain round de négociation.
Les partenaires sociaux ont prévu de se retrouver le 22 juin. Mais pas forcément pour conclure. Ils n’excluent pas un, voire deux rendez-vous à la rentrée, alors que la date limite pour trouver un accord est fixée au 31 décembre 2015.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de pérenniser les régimes obligatoires Arrco (tous les salariés du privé) et Agirc (cadres du privé), fragilisés par une moindre rentrée de cotisations liée à la crise économique. Pas moins de 30 millions de salariés sont concernés, parmi lesquels 18 millions de cotisants et 12 millions de bénéficiaires.