Retraites : Face au déni, face au mépris, on continue ce 16 mars !

Les articles de L’InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Stephane AUDRAS/REA

Ce 15 mars ou... La 8e journée d’actions de grèves et manifestations à l’appel de l’intersyndicale. Alors que des grèves et blocages se poursuivent un peu partout sur le territoire, cette journée interprofessionnelle a une nouvelle fois montré la détermination des travailleurs à s’opposer à la réforme des retraites voulue par l’exécutif. La semaine est décisive : la commission mixte paritaire a adopté ce 15 mars un texte commun aux deux assemblées sur le projet retraites et le parlement aura à se déterminer ce 16 mars. L’intersyndicale a exhorté les parlementaires à voter contre la réforme. Les numéros un des organisations syndicales et de jeunesse tiendront ce jeudi une conférence de presse devant l’Assemblée nationale.

Une journée toujours massivement suivie, à Paris avec 450 000 manifestants dans le cortège comme en province, tant au plan de la densité des cortèges que du nombre de grèves (chez les éboueurs, dans l’Energie, les transports et dans nombre d’entreprises et services) ou encore des autres actions (blocages de sites, barrages filtrants, opérations escargot...) qui se poursuivent d’ailleurs depuis le 7 mars... La détermination des travailleurs à s’opposer à la réforme des retraites est intacte. Quant au phénomène constaté depuis le début de la mobilisation, soit l’engagement particulièrement massif des salariés dans les villes, petites et de taille moyenne, en province : il se confirme encore une fois. A titre d’exemples : 10 000 manifestants à Valence, 3000 à Epinal, 2000 à Aurillac, 2000 à Auch, 6000 à Metz, 10 000 à Avignon, 8000 à Lorient, 5000 à Mulhouse, ...
Une nouvelle fois, cette journée -avec plus de 1,5 million de manifestants sur le territoire-, a donc illustré toute la détermination du monde du travail à lutter contre une réforme injuste et brutale. On est à la hauteur d’une mobilisation comme celle du 19 janvier. Il y a de plus en plus de blocages illustrait le secrétaire général de FO, dans le cortège parisien. Et Frédéric Souillot s’inquiétait de l’action des forces de l’ordre, le matin même à Rouen, soit une charge de CRS, contre le rassemblement de 200 enseignants qui en intersyndicale organisaient le blocage du le rectorat. On a l’impression que ce gouvernement cherche le chaos !

Il ne faut rien lâcher

Les travailleurs, eux, ne comptent pas mettre fin à leur combat contre la réforme et ils l’ont dit encore ce 15 mars. Par leurs slogans scandés dans les manifs, tel La retraite Macron-Borne, on n’en veut pas ou encore Les 64 ans on n’en veut pas et les 43 ans (de cotisations, Ndlr) on n’en veut pas. Au cœur des cortèges, ils le disent aussi à l’occasion de discussions entre salariés. Mathieu et Khali, personnels de l’AP-HP et militants FO, défilant à Paris étaient clairs : Il ne faut rien lâcher. J’ai 50 ans. Dans quinze ans, que vais-je faire au travail ?!, s’inquiétait Mathieu, agent logistique. Khali, technicien de fluides médicaux (oxygène, etc) rappelait le caractère pénible de son travail, cependant pas considéré. Dans les rangs du cortège parisien encore, Dev et ses trois collègues travaillant dans le secteur cuir d’une grande enseigne de luxe sont eux aussi très clairs : il faut continuer. Pour la retraite, il y a d’autres solutions comme le dit FO, tel l’amélioration de l’emploi et des salaires. Quant à l’attitude de l’exécutif de ne pas recevoir les organisations syndicales : C’est du mépris, inadmissible ! résume le militant. Corinne, sa collègue, a fait ses comptes et la colère ne retombe pas. J’ai 58 ans. Si la réforme passait, je devrais travailler un an et un trimestre de plus pour une retraite à taux plein. Or, si j’aime mon métier, et ici on aime tous nos métiers, C’est du travail posté, fatigant. Dans ma vie j’ai été coiffeuse puis maintenant contrôleuse de produits... Je n’en peux plus !

16 mars : journée décisive au Parlement

Ce 15 mars, déterminé, avait pour les travailleurs un goût acide puisque c’était le jour de la tenue de la commission mixte paritaire dans le cadre de l’examen du projet retraites. Une CMP formée de sept députés et sept sénateurs, et censée trouver un accord sur un texte commun aux deux assemblées. Ce qui a été fait et déclaré en fin d’après-midi.

Dans les cortèges, on a scruté pendant toute la journée les réseaux sociaux à la recherche d’informations sur les débats (à huis clos) de cette CMP. En fin d’après-midi l’accord sur un texte voté par dix voix contre quatre donnait le vertige. La commission a validé le recul à 64 ans de l’âge légal de départ en retraite, le décalage de deux ans pour les carrières anticipées, adopté la mesure carrières longues qui impliquerait que nombre de salariés concernés soient contraints de cotiser plus de 44 ans pour une retraite complète, elle a supprimé la prise en compte du critère agents chimiques dangereux du fonds d’usure professionnelle... Ce texte issu de la CMP sera présenté ce 16 mars au Sénat et à l’Assemblée, selon la procédure pour un vote final dans chacune des Chambres... Ou l’adoption du texte de réforme, par un 49.3 déclenché à l’Assemblée par le gouvernement, lequel était toujours ces derniers jours à la recherche d’une majorité pour voter son projet.

Appel à poursuivre les actions ce 16 mars

Mais du côté des travailleurs où les organisations syndicales, FO notamment, a exhorté les parlementaires à voter contre cette réforme, on ne lâche rien et le rejet du projet est toujours aussi massif. Le 15 mars, un nouveau sondage (Elabe) confirmait d’ailleurs le soutien de la population à la mobilisation. Comme depuis des semaines. Il indiquait aussi que 62% des français interrogés souhaitent la poursuite du mouvement au-delà du 16 mars, date à laquelle les secrétaires généraux et présidents des organisations -dont Frédéric Souillot pour FO- tiendront une conférence de presse le midi devant l’Assemblée nationale.

Dans le cortège parisien ce 15 mars, le secrétaire général de FO pointait le déni de démocratie, le passage en force et s’indignait par ailleurs du fait que les parlementaires issus de la majorité gouvernementale fassent comme s’ils n’avaient pas reçu le courrier rédigé par l’intersyndicale et qui leur a été adressé par les organisations. Par les militants FO notamment. Donc on affiche ce courrier sur la façade de leur permanence afin d’être surs que lorsqu’ils y reviendront, ils le voient ! Quant aux relations à venir avec le gouvernement, pour Frédéric Souillot, aborder d’autres sujets de discussions en aval d’une telle réforme des retraites, si elle était adoptée, va être compliqué. Si embrayer sur d’autres sujets doit se faire sur fond de chèque en blanc accordé sur la réforme des retraites, ça ne sera pas possible !

Dans son communiqué au soir de ce 15 mars, l’intersyndicale appelant les parlementaires à voter contre le projet de réforme pointait l’attitude du gouvernement qui a usé de tous les artifices constitutionnels pour que les débats parlementaires soient limités. Cette attitude relève du déni démocratique, au mépris de l’expression très majoritaire de la population et de la démocratie sociale, elle est aussi indigne que dangereuse.
Les huit organisations de salariés et les organisations de jeunesse ont appelé à poursuivre les actions ce 16 mars. Et l’intersyndicale se réunira à nouveau à l’issue de l’examen du projet de loi.

Le 15 mars 2023, on se mobilise massivement
 

Amiens - 80
Aurillac - 15
Avignon - 84
Belfort - 90
Caen - 14
Calvados - 14
Chaumont - 52
Epinal - 88
Foix - 09
Gers - 32
Isère - 38
La Manche - 50
La Roche-sur-Yon - 85
Landes - 40
Langres - 52
Lorient - 56
Marseille - 13
Metz - 57
Montarbier -82
Mulhouse - 68
Paris - 75
Reims - 51
Saint-Dizier - 52
Strasbourg - 67
Tarbes - 65
Toulouse - 31
Valence - 26
Vannes - 56
Var - 83

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération