Le 10 janvier, Élisabeth Borne, entourée de Bruno Le Maire, d’Olivier Dussopt et de Stanislas Guérini, a officiellement annoncé le projet de réforme des retraites. Inflexible sur le report de l’âge au nom d’économies nécessaires pour sauvegarder le système de retraite
, le gouvernement a finalement tranché : si le projet passe, l’âge légal de départ de la retraite sera bien reculé à 64 ans, soit deux ans de plus, à partir de septembre 2023. Et ce pour le privé comme dans la fonction publique. La mesure d’âge sera couplée à une accélération de la réforme Touraine. La durée de cotisation pour accéder au taux plein restera de 43 ans (172 trimestres). Mais elle sera augmentée dès septembre d’un trimestre par an par année de naissance, pour atteindre 64 ans en 2030. L’âge de l’annulation de la décote restera fixé à 67 ans. Quelle que soit la formule, les gens devront travailler plus longtemps, deux ans de plus. Nous n’en voulons pas
, fustige Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé des retraites. La réforme s’appliquerait dès la génération 1961, qui devrait travailler un trimestre de plus. Elle frapperait de plein de fouet en 2030 ceux nés en 1968, qui devraient travailler au minimum jusqu’à 64 ans pour une retraite à taux plein.
Un simple index seniors
Le gouvernement argue d’une réforme « plus juste » dans la prise en compte des carrières longues, de la pénibilité ou du minimum retraite. Celui-ci serait fixé à 1 200 euros, pour une carrière complète, la mesure s’étendant aux retraités actuels
dès cette année. À peine au-dessus du seuil de pauvreté, fixé à 1 128 euros
, ont critiqué les unions de retraités dont l’UCR-FO. Quant à l’emploi des seniors
, un simple index seniors
est annoncé, obligatoire dans les grandes entreprises. Quant à la pénibilité, confirmant les craintes de FO, le ministre du Travail renvoie aux négociations de branche. Le gouvernement veut aller vite : le texte sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier puis il sera examiné par les députés à partir du 6 février, porté par un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, ouvrant la voie à un possible 49.3. Sans attendre, les huit organisations formant l’intersyndicale, dont FO, ont appelé à des grèves et manifestations. Et cela dès le 19 janvier.