Retraités : Le Groupe des neuf demande une revalorisation des pensions à minima de 4,5 %

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

La revalorisation des pensions de retraite, promise par Emmanuel Macron durant la campagne pour les élections présidentielles, devra être à minima de 4,5 %, avec effet rétroactif au 1er janvier, a insisté Didier Hotte (UCR-FO), lors d’une conférence de presse du Groupe des neuf le 23 mai. Le collectif, rassemblant les différentes organisations de retraités, interpelle par ailleurs les candidats à la députation sur la faiblesse des pensions de retraite, mais également sur des enjeux de santé.

C’est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, réélu le 24 avril président de la République, que vient rappeler l’Union confédérale des retraités de FO dans le cadre du Groupe des 9 organisations des retraités. Le président, alors candidat, avait annoncé une revalorisation exceptionnelle des pensions de base des retraites au 1er juillet. Depuis, l’exécutif a indiqué qu’une revalorisation serait actée dans le projet de loi pour le pouvoir d’achat qui devrait être présenté après les élections législatives. Celle-ci devra être a minima de 4,5%, avec effet rétroactif au 1er janvier, indique Didier Hotte (FO). Et de mettre en garde : Si le projet de loi ne reflète pas la promesse du candidat Macron, nous irons à la confrontation.

Bien décidé à faire valoir leur revendication, les organisations de retraités ont par ailleurs interpellé les candidats aux élections législatives, candidats à la députation (hormis ceux appartenant à deux partis), afin de connaître leur positionnement vis-à-vis de différents sujets qui concernent directement les séniors.

Revalorisation des pensions et hausse des seuils RFR

Il y un besoin criant d’avoir des signes forts de la part du gouvernement, en particulier quand on voit à quelle hauteur est l’indice des prix !, insistait le Groupe des 9 lors d’une conférence de presse le 23 mai. Alors que l’inflation atteint 4,8% sur un an en avril, et pourrait atteindre 5,4% (en glissement annuel) en juin selon l’Insee, le pouvoir d’achat des 17 millions de retraités dévisse. En quinze ans, ils ont perdu 20% de pouvoir d’achat estime l’UCR-FO. les retraités évaluent la perte à un mois de pension depuis 2014. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), fin 2020, le montant d’une pension moyenne était de 1 341 euros nets… Pour le Groupe des 9, la revalorisation des pensions de 4,5 % doit s’ajouter à celle de 1,1 % annoncée le 1er janvier 2022. Et cela est urgent car de plus en plus de retraités tombent dans la pauvreté et la précarité. Le 24 mai, interviewé par une radio, le nouveau ministre du Travail, Olivier Dussopt, indiquait concernant une revalorisation des pensions de retraite, avec un premier versement a priori en août : Si on tient compte d’une inflation à 4%, pour une pension à 1.200 euros, c’est un gain de 45 euros par mois. 4% seulement, donc...

Pour le Groupe des 9, toute mesure de revalorisation devra être par ailleurs assortie d’une hausse des seuils concernant le revenu fiscal de référence, un RFR qui sert notamment déterminer le taux de contribution sociale généralisée (CSG) des retraités. C’est essentiel. Car si ces seuils ne sont pas relevés, au minimum, au même niveau que la revalorisation, ce que les retraités vont gagner en hausse des pensions sera perdu par certains qui franchiront un seuil de RFR et verront ainsi leur taux de CSG augmenter. On appelle cela l’effet ciseau, précise Didier Hotte. La hausse des pensions peut être mangée par une hausse du taux de CSG. Nous avons déjà constaté cet effet lors de la revalorisation de 1,1% en janvier alors que le seuil de RFR n’avait été élevé que de 0,2%, rappelle-t-il.

Déserts médicaux, Ehpad … les préoccupations liées à la santé

Cette revendication s’inscrit dans un triptyque plus large que défend le groupe des neuf depuis longtemps déjà, comme en témoignent ses multiples mobilisations des dernières années. Les organisations interpellent en effet aussi les pouvoirs publics, et les candidats à la députation, sur les problématiques de santé. La crise sanitaire a montré l’importance de notre système de santé. Si les projecteurs ont notamment été mis sur l’hôpital public et les urgences, qui sont en souffrance, d’autres problèmes apparaissent indique le Groupe des 9.

Didier Hotte (FO), pointe ainsi la question des déserts médicaux, un sujet « extrêmement important » pour les organisations. Samedi dernier, nos camarades de Seine et Marne avaient organisé une conférence sur le sujet. Alors que tout le monde devrait pouvoir disposer de services de santé de proximité, en Île-de-France, 62% des habitants n’ont pas de médecins traitants, ces derniers affichant complets. Ils se tournent donc vers les hôpitaux, lorsqu’il y en a. Le militant énumère d’autres territoires où la situation est préoccupante, telle que la Mayenne et Grenoble, où les urgences sont menacées de fermeture à cause du sous-effectif médical chronique.

Parmi les autres questions posées aux futurs députés, certaines portent sur les établissements d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (Ehpad) ainsi que l’aide à domicile. Le scandale Orpea a montré qu’il existe un véritable dossier de préoccupation, insiste le Groupe des 9. L’aspect très lucratif, pour ne pas dire honteusement lucratif, de ces établissements pour les groupes privés, la question des effectifs en personnels, la question du reste à charge pour les résidents, la question primordiale et plus large du financement de la dépendance qu’FO souhaite voir relever de la branche maladie et non d’une 5e branche financée par l’impôt... La problématique de l’autonomie et de la fin de vie pose aussi d’autres interrogations, pour le Groupe des 9 en forme d’inquiétudes liées au choix affiché dans les attributions ministérielles du nouveau gouvernement. Ainsi, indique-t-il, de plus en plus de collectivités locales mettent en place des structures publiques pour les personnes âgées et dépendantes, avec des personnels sous statut. Ce développement était accompagné, humainement et financièrement, par le ministère du logement. Mais qu’en sera-t-il alors que le nouveau gouvernement ne présente aucun ministère avec ce portefeuille ?, s’interrogent les organisations de retraités.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération