Retraites : le miroir aux alouettes d’une indexation des pensions sur les salaires

Retraite par Françoise Lambert

L’indexation des pensions sur les salaires est une revendication de longue date de Force Ouvrière. Elle serait en effet plus avantageuse pour les retraités. Mais pour l’organisation syndicale, la version proposée fin février par le haut-commissariat à la réforme des retraites s’apparente à un leurre. Décryptage.

Le Haut-commissaire à la réforme des retraites a fait la proposition, fin février, au cours des rencontres bilatérales qu’il mène avec les interlocuteurs sociaux, d’indexer les pensions sur les salaires et non plus sur l’inflation comme c’est le cas depuis 1987.

L’indexation des pensions sur les salaires et non plus sur l’inflation est demandée depuis longtemps par FO, mais notre revendication est très éloignée de l’hypothèse décrite par le haut-commissariat à la réforme des retraites, indique Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO. Le haut-commissariat précise dans un document de travail que si l’indexation des pensions est plus élevée (SMPT, NDLR Salaire moyen par tête), le coefficient à la liquidation servi par le système devra être réduit en conséquence.

FO revendique des moyens à la hauteur des besoins

Explication : des pensions indexées sur les salaires connaîtraient un rythme d’augmentation plus rapide, car la progression du salaire moyen est supérieure à celle de l’inflation. Mais comme il n’est pas question pour le gouvernement de consacrer un budget plus important au financement des retraites, le haut-commissariat propose donc de faire baisser le montant de la pension au moment du départ à la retraite, par rapport à ce qui se pratique aujourd’hui.

A FO, nous sommes évidemment opposés à la diminution de la pension d’origine, déclare Philippe Pihet, pour nous s’il y a indexation des pensions sur les salaires, elle doit s’accompagner d’une hausse des cotisations. C’est le fameux donnons des moyens à la hauteur des besoins.

Outre la question des paramètres d’indexation des pensions, la dernière rencontre entre le haut-commissariat à la réforme et FO, le 22 février, a été l’occasion d’aborder la place des réserves financières dans le futur système universel de retraite par points.

En 2016, les réserves de l’ensemble des régimes de retraite complémentaire obligatoires s’élevaient 118 milliards d’euros, soit 5,3% du PIB. Les réserves de l’Agirc-Arrco représentaient en leur sein 70,8 milliards d’euros.

Rupture d’égalité entre les régimes

Si les réserves étaient intégrées dans le futur régime universel par points, ce qui semble correspondre au plan du gouvernement, il y aura une rupture d’égalité entre les régimes qui ont constitué des réserves, comme l’Agirc-Arrco, et ceux qui n’en ont pas constitué, commente Philippe Pihet, on se retrouverait devant une forme de confiscation devant ce qui serait devenu un impôt.

Sur les sujets des réserves financières ou du mode d’indexation retenu pour les pensions, comme sur tous les autres thèmes de la réforme, il faudra attendre début juin, après les élections européennes du 26 mai, pour que le gouvernement dévoile ses réelles intentions. Des réunions avec les interlocuteurs sociaux sont programmées jusqu’au 6 mai. Le projet de loi, initialement prévu avant l’été, serait désormais présenté en septembre.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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Autant elle entend faire connaître et porter ses revendications sur les sujets à l’ordre du jour des réunions consacrées à l’emploi des seniors, à la pénibilité, au minimum de pension, au financement des retraites, autant elle réaffirme que ces questions ne justifient en rien la remise en cause et la suppression du système de retraites actuel pour aller vers un régime unique par points.