Revenu universel : une fausse bonne idée

Société par Françoise Lambert

Quelle qu’en soit la forme, la mise en place d’un revenu de base signerait pour FO une institutionnalisation de la précarité et un détricotage des avancées sociales.

L’idée d’un « revenu de base » revient sur le devant de la scène, notamment dans le cadre de la campagne présidentielle, avec des contours et des objectifs très variés. Quelle que soit l’orientation idéologique de ses zélateurs, le principe reste le même : que l’État offre à tous un revenu mensuel, sur une base automatique, sans conditions de patrimoine ou de travail, avec la possibilité de cumuler cette ressource avec celles d’un emploi. Quant au montant du revenu universel, des sommes allant de 470 à 1 000 euros mensuels ont été évoquées. Ce revenu universel est censé éradiquer la pauvreté, donner à chacun la liberté d’exercer l’activité de son choix ou encore répondre aux mutations du travail en lien avec le développement du numérique et de la robotisation. Certains, d’inspiration néolibérale, y voient aussi une occasion de réduire la protection sociale ou le rôle de l’État.

Le revenu de base, c’est une fausse bonne idée. Sous un visage généreux, il s’agit d’une institutionnalisation de la précarité et d’un détricotage des avancées sociales, commente Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO chargé du secteur Économie.

Parmi les hypothèses pour le financement du revenu de base figure la fusion, et donc la disparition des minima sociaux. La suppression de l’impôt sur le revenu et son remplacement par un impôt proportionnel ou une augmentation de la TVA pouvant aller jusqu’à 100 % sont également envisagés. Toutes ces solutions sont par essence injustes pour les ménages et les salariés les plus précaires, explique Pascal Pavageau.

Des expérimentations locales envisagées

Une mission d’information du Sénat, dont les conclusions ont été rendues publiques le 13 octobre, propose d’expérimenter rapidement, dans des territoires volontaires, différentes modalités du dispositif. La Gironde n’a pas attendu puisqu’elle a lancé une expérimentation fin septembre. FO est opposée aux tests sur un nombre limité de départements, car cela rompt avec l’égalité de traitement sur le territoire national, explique Pascal Pavageau. Plus grave, cela ne permettrait pas d’avoir une mesure exacte des conséquences dramatiques sur le système de protection sociale ou encore sur le travail et l’emploi.

Des expérimentations locales du revenu universel se multiplient dans différents pays. Mais c’est uniquement en Alaska qu’il a été généralisé. Dans cet État fédéral des États-Unis, son montant est lié aux revenus générés par l’exploitation du pétrole. Il a atteint environ 80 euros par mois et par habitant l’année dernière. Bien peu par rapport aux minima sociaux français. 

Focus : Un concept qui ne date pas d’hier
L’idée d’un revenu de base est apparue au début du XVIe siècle avec le philosophe humaniste et homme politique anglais Thomas More. Son concept est approfondi au XVIIe siècle par l’intellectuel Thomas Paine, qui a partagé sa vie entre l’Angleterre, les États-Unis et la France.
Repris par les socialistes utopistes et le courant marxiste au XIXe siècle, il a été soutenu au XXe siècle par des personnalités américaines aussi diverses que le pasteur Martin Luther King Jr. ou les économistes Milton Friedman et James Tobin.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante