Royaume-Uni : les travailleurs des services publics toujours mobilisés pour leurs salaires

InFO militante par Sandra Déraillot

© Tayfun Salci/ZUMA-REA/ZUMA-REA

Alors que le gouvernement vient d’annoncer une augmentation du salaire minimum de 9,7 %, l’un après l’autre, les secteurs du service public se mettent en grève et réclament des négociations sur leurs rémunérations.

Au Royaume-Uni, la mobilisation des employés du secteur public pour de meilleurs salaires bat son plein depuis l’été 2022 : conducteurs de train, de métro ou de bus, instituteurs, éboueurs, ambulanciers… Les infirmières qui se sont mobilisées durant de nombreuses semaines cet hiver et étaient entrées en négociation avec leur ministre fin février, viennent de refuser les propositions du gouvernement : une prime de 1425 euros pour l’année en cours, une augmentation de salaire de 5 % pour la suivante, puis une révision complète de l’échelle des salaires infirmiers. Pas étonnant avec plus de 10 % d’inflation sur les douze derniers mois. Le Royal College of Nursing qui les représente a donc annoncé une nouvelle grève de 48 heures pour le 30 avril.

Les jeunes médecins quant à eux ont observé une grève de quatre jours entre le 11 et le 14 avril. Selon le syndicat BMA, cette catégorie de soignants, équivalent des internes en cours de spécialisation, a perdu 26 % de sa rémunération réelle (valeur du revenu par rapport au coût de la vie) depuis 2008, lorsque la cure d’austérité a été imposée au service public de santé (NHS), déjà mis à mal par les réformes thatchériennes des années 1980. Les jeunes médecins avaient aussi observé trois jours de grève en mars. Ils réclament 35 % d’augmentation.

Des propositions jugées insuffisantes

Le 15 mars, alors que le gouvernement présentait son projet de budget, quelque 500 000 Britanniques sont descendus dans la rue. Parmi eux, les enseignants : leur principal syndicat, NEU, estime qu’ils ont perdu 23 % de leur salaire réel depuis 2010 (le très officiel Institute for Fiscal Studies reconnaît une perte de 10 %). Le ministère leur a récemment promis une prime exceptionnelle de 1 000 livres et une augmentation de 4,5 % pour l’année 2023-2024). Peu satisfait, le syndicat a répondu en annonçant deux journées de grève, le 27 avril et le 2 mai.

Enfin PCS, principal syndicat dans la fonction publique, a annoncé une manifestation le 28 avril, au cours de laquelle il compte sur la participation de ses 130 000 adhérents. Tout le mois d’avril, des actions ciblées seront organisées dans les musées, les bibliothèques, les services d’autoroutes, les inspections du permis de conduire, la police aux frontières, les bureaux des passeports, l’agence de sécurité vétérinaire…

 

La loi antigrève fait un tollé

L es réactions contre le projet de loi britannique sur un service minimum se succèdent. Dix professeurs de droit du travail s’associent à la confédération syndicale TUC pour alerter quant à ce texte qui donnerait aux ministres un pouvoir illimité pour restreindre le droit de grève. Il ferait du pays une aberration au regard des conventions internationales. Le texte – en cours d’examen à la chambre des Lords – ne précise pas le niveau de service minimum et permet aux ministres d’en décider par voie de réglementation. Il faciliterait le licenciement de grévistes et exposerait les syndicats à des amendes de plusieurs millions de livres sterling. Cette loi concernerait la santé, l’éducation, les douanes, les transports, les installations nucléaires et les pompiers. Un comité de parlementaires sur les droits humains a également estimé que cette loi ne serait pas justifiée et que le texte devait être reconsidéré.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante