Le conflit a éclaté au moment des NAO dans cette PME située dans le Loiret, explique le délégué syndical FO Jean-Philippe Dos Santos. Détenue par la société française Vulcanic Holding, RS Isolsec est une PME basée à Cepoy (Loiret) où travaillent environ 65 salariés. L’entreprise, détenue à 33% par l’État, et qui compte parmi ses clients la SNCF ou encore EDF, est spécialisée dans la fabrication de transformateurs électriques. Elle est positionnée aussi sur des marchés à l’export.
Lorsque le 15 mai, les négociations annuelles obligatoires démarrent, la direction propose une augmentation générale des salaires de 1% et n’évoque pas le versement de la prime Macron pour l’année 2021. C’est la stupéfaction parmi les salariés dont nombre sont rémunérés au Smic et qui n’ignorent pas les bons résultats financiers de leur entreprise. En cinq mois de travail, nous avons déjà dépassé de 27% le chiffre d’affaires prévisionnel de l’année, souligne l’élu FO. Pour cette année, il est estimé à 10 millions d’euros.
Tentative de casser le mouvement syndical
En 2018 déjà, le CSE avait mandaté un expert comptable qui avait certifié que la distribution faite aux salariés était bien en deçà de ce permettait les marges réalisées par l’entreprise. D’où la quasi-unanimité dans la décision de se mettre en grève le 7 juin dernier dans cette PME où il n’y avait aucune présence syndicale il y a encore deux ans. Par son implantation, FO est désormais l’unique syndicat.
Aux premiers jours du mouvement, les relations sont assez tendues avec la direction qui ne se déplace même pas sur le piquet de grève et met du temps avant de donner signe, présentant alors une première contre-proposition. On sentait que la direction était plutôt dans une stratégie d’attente et tentait de casser le mouvement syndical en ne venant pas nous voir
, décrypte le DS, soulignant que la grève se déroule dans le plus grand des calmes, sans débordement.
Nous avons déjà perdu deux semaines de salaire
Cette grève légitime est à la hauteur des efforts que les salariés ont concédés depuis l’an dernier. En effet, s’ils ont perçu la prime Macron pour 2020 (entre 400 et 500 euros mais sous conditions notamment d’une présence stricte notamment ce qui a écarté certains de salariés) ils n’ont en revanche reçu aucune augmentation de salaire en 2020 au motif d’une projection de résultats financiers à la baisse…, lesquels n’ont finalement été impactés que de 5% par rapport à l’année 2019. Les salariés revendiquent légitimement une hausse des salaires cette année.
Nos revendications à ce jour sont une augmentation générale des salaires d’au moins 3,5%, et le versement de la prime Macron à hauteur de 800 euros
, résume Jean-Philippe Dos Santos. Les salariés exigent également l’ouverture d’un compte-épargne temps pour les congés et enfin une revalorisation de l’ancienneté, laquelle régie par la convention de la métallurgie dont ils relèvent, plafonne après quinze ans de carrière.
Une nouvelle semaine de grève décidée
Après deux semaines de grève, la direction a formulé des contre-propositions qui ne sont pas acceptables s’insurgent les salariés. Il s’agirait ainsi notamment selon la direction de remplacer la prime Macron par une prime d’intéressement qui plus est conditionnée à des objectifs et à d’autres critères comme le temps de présence, ou encore de limiter à 2% la progression salariale.
Nous avons déjà perdu deux semaines de salaire, mais nous tenons le coup. Nous savons qu’en deux semaines, environ 500 000 euros de chiffre d’affaires ont été perdus, mais nous ne lâcherons pas
, martèle le délégué FO, saluant la solidarité de ses collègues et le bel esprit de la mobilisation.
La direction, surprise par ce mouvement de grève inédit, reste pour l’heure sourde aux demandes. La dernière réunion de NAO s’est tenue le 16 juin et s’est achevée sur une impasse. Les salariés ont donc voté une nouvelle semaine de grève, jusqu’au 25 juin compris, sauf si la direction répond favorablement aux revendications.