S’il progresse en 2021, le niveau de l’emploi reste inférieur à celui d’avant la crise

Les articles de L’InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Sébastien ORTOLA/REA

Si les signes encourageants de la « reprise économiques » commencent à apparaître, le niveau de l’emploi reste inférieur à son niveau de 2019. Utilisé comme boussole du marché de l’emploi, l’intérim enregistre un recul de 5 % par rapport à avant la crise du Covid-19.

Bien que les chiffres du début de l’année 2021 soient encourageants, les cicatrices du Covid sur le marché du travail mettront du temps à disparaître. Alors que politiciens et médias évoquent la « reprise économique » tant attendue, la situation de l’emploi s’améliore mais sans retrouver son niveau d’avant crise : pour cause, 283 900 emplois ont été détruits durant l’année 2020, estime l’Insee. Selon une analyse de l’Organisation internationale du travail, il faudra attendre 2023 pour que la croissance du nombre d’emplois compense les pertes enregistrées durant la crise du Covid.

L’emploi privé en recul de 1,2 % par rapport à 2019

Les dernières études montrent que, si l’emploi repart, il reste inférieur à son niveau de fin 2019. Remettre sur la table la réforme des retraites aurait d’autant moins de sens que pour les salariés comme les intérimaires, le niveau d’emploi reste en deçà de son niveau d’avant la crise. Si, au premier trimestre 2021, l’emploi salarié privé progresse de 0,5 %, il se situe toujours 1,2% sous son niveau de fin 2019 (soit -243.400 emplois).

Le retour à l’avant Covid-19 risque d’être long : depuis mars 2020, plus d’un millier de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été initiés, soit 1 041 procédures PSE lancées avec 112 669 ruptures de contrats de travail envisagées, indiquait le ministère du Travail. Pour rappel, le mois d’avril a enregistré une hausse de 1,7 % de chômeurs catégorie A.

L’emploi intérimaire chute de 5 %

Après avoir connu d’importantes variations en 2020 dues au confinement, l’emploi intérimaire se stabilise au premier trimestre 2021 mais est en recul de 5 % (soit 39 600 emplois de moins) par rapport à décembre 2019. Cela se constate aussi bien dans le secteur de l’industrie (-7,9 %) que dans le tertiaire (-3,9 %) et dans la construction (-2,4 %).

Hors intérim, l’emploi augmente certes dans de nombreux secteurs, mais sans atteindre son niveau de 2019. Dans l’industrie et le tertiaire marchand, l’emploi diminue par rapport à avant la crise (respectivement de -1,8 %, soit -55 600 emplois et de -2 % soit -239 600 emplois). Seuls les secteurs de la construction et celui du tertiaire non marchand atteignent voire dépassent leurs niveaux de fin 2019 (respectivement +3,5 % et +1%). Pour ce dernier, cela s’explique notamment par la hausse de près de 56 000 emplois dans la santé.

Un « net retrait » de la production

Dans la production là encore les chiffres remontent mais gardent la trace du Covid. En avril 2021, celle-ci baisse légèrement dans l’ensemble de l’industrie. Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en net retrait dans l’industrie manufacturière (−6,6 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (−5,5 %), relève l’Insee.

La production chute dans les matériels de transport (−25,7 %) et dans la cokéfaction-raffinage (−17,7 %). Par rapport à février 2020, cette baisse est plus modérée dans les industries agro-alimentaires (−1,9 %), la fabrication de biens d’équipement (−2,6 %) et les autres industries (−4,0 %). À noter que dans l’industrie manufacturière, la production des trois derniers mois est supérieure à celle des mêmes mois de l’année précédente (+15,3 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (+13,9 %).

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération