Saber Barchouchi, dans le secteur de la propreté on ne respecte pas les employés

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

Passé du secteur du tourisme à celui de la propreté, Saber Barchouchi, délégué FO, a découvert un univers de travail où les pressions sont légion. Ce qui l’a amené à la lutte syndicale, pour défendre ses droits et ceux de ses collègues.

Cette grève, si c’était à refaire je la referais, assume Saber Barchouchi. Nous sommes licenciés, mais on a mis la pression. Notre entreprise aurait pu se contenter de nous proposer des postes éloignés ou un travail fractionné entre plusieurs sites que nous n’aurions pu accepter. Là au moins nous bénéficierons d’un PSE.

À 52 ans, il est délégué syndical FO chez Arc-en-ciel, entreprise de propreté qui nettoyait jusqu’en décembre dernier la gare routière de Lyon-Perrache. Lorsque la Métropole a décidé de confier ce marché à une entreprise d’insertion, les salariés se sont mis en grève pour alerter élus, usagers et médias.

Militer n’est pas nouveau pour Saber. Plus jeune, en Tunisie, il représentait déjà ses camarades via le parti des étudiants démocrates (un syndicat, même si son nom ne l’indique pas). Après des études en gestion hôtelière en Autriche, il embarque pour une dizaine d’années dans les villages vacances du Club Méditerranée comme responsable planning : Mexique, Sénégal, Côte d’Ivoire, Turquie, Floride, il fait même le tour des Caraïbes sur un bateau de croisière. Dans ces missions, on se déplace tout le temps, les syndicats ne peuvent pas s’implanter, explique-t-il.

Lorsqu’il rencontre son épouse, française, il décide de s’installer avec elle dans l’Hexagone, en 2005. J’étais en regroupement familial et il me fallait travailler vite. J’ai pris le premier boulot venu. Et ce sera donc la propreté, jusqu’à aujourd’hui. C’était dur : j’avais fait des études et je me retrouvais à faire le ménage. Mais il fallait s’occuper de la famille, les enfants sont arrivés [Saber en a cinq aujourd’hui, NDLR], il fallait remplir le frigo.

Témoin de nombreuses injustices

Dans ce secteur, Saber Barchouchi observe beaucoup d’injustices : Nous ne sommes pas respectés, les boîtes profitent de l’ignorance des salariés pour ne pas payer toutes les heures, d’autres font pression pour qu’un étranger qui a besoin de ses papiers accepte une mission difficile… Alors il se syndique en 2011 et est élu dans la foulée. Au fil des années, Saber travaille sur la requalification des postes, bataille pour que les chèques-cadeaux de fin d’année soient attribués à tous les salariés sans distinction, lutte pour la qualité des équipements de travail : Je m’oppose aux économies faites au détriment de la santé ou du bien-être des salariés. Chacun doit avoir ses chaussures de sécurité, son matériel, ses gants… Déçu par le premier syndicat auquel il s’est affilié, il rejoint FO en 2021. FO est présent en Tunisie. Pour moi c’est le plus grand syndicat et puis j’avais un ami délégué central à Paris en qui j’avais toute confiance.

Aujourd’hui, dans l’attente de la validation du PSE de son entreprise, même s’il ne travaille plus, Saber ne chôme pas. J’ai tous les jours les collègues au téléphone. On prend des nouvelles. Ils se demandent comment ça va se passer… Il y a aussi les rendez-vous avec l’inspection du travail, quelques réunions. Et à ses heures perdues il se dépense auprès des jeunes puisqu’il est éducateur sportif et entraîne les enfants d’un club de foot de Vaulx-en-Velin. Son avenir professionnel, il le voit pour l’instant avec crainte : Quelle entreprise reprendrait mon ancienneté ? Une chose est sûre : Saber continuera de militer.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

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