Salaires des enseignants : les lignes n’ont pas bougé

Service Public par Evelyne Salamero, FGF FO, FNEC FP FO

© Patrick ALLARD/REA
Article publié dans l’action Élections dans la Fonction publique

Alors que la demande d’une négociation salariale commune à toute la Fonction publique, adressée au gouvernement par cinq organisations syndicales, dont FO Fonction publique, reste à ce jour sans réponse, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé vouloir reprendre les discussions sur les rémunérations des enseignants d’ici à la fin du mois de juin. Ce cadre parcellaire ne répondait déjà pas aux attentes de la fédération FO de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle avant la crise sanitaire. Il n’y répond pas davantage aujourd’hui.

Les négociations sur la hausse des salaires des enseignants, mises à l’arrêt depuis le début de la crise sanitaire, vont reprendre d’ici à la fin du mois de juin, a déclaré le ministre de l’Éducation nationale le 2 juin sur RMC-BFMTV, ajoutant notamment : Cela concerne la rémunération mais aussi plus généralement l’exercice du métier (…) Il faut mieux payer nos professeurs, dans le cadre d’une carrière plus souple. La négociation devrait également porter sur l’organisation du temps, a précisé le ministre.

Rien de nouveau en réalité. Ces premières indications données par le ministre Jean-Michel Blanquer sur les tenants et les aboutissants de la négociation telle qu’il la conçoit, renvoient aux propositions qu’il avait déjà faites avant la crise sanitaire, dans le cadre de la réforme des retraites.

FO refuse le « donnant-perdant »

Le nouveau mode de calcul des pensions des fonctionnaires prévoyait en effet de tenir compte des primes, lesquelles sont peu nombreuses dans l’Éducation nationale. Le gouvernement avait donc promis de compenser le désavantage des enseignants par une revalorisation salariale.

Le ministre de l’Éducation nationale avait d’ores et déjà clairement prévenu que cette revalorisation se ferait en partie au mérite, en contrepartie d’une modification de l’organisation du temps de travail et de nouvelles tâches à effectuer, comme faire des heures supplémentaires pour remplacer les collègues absents (ce qui évite de recruter d’autres enseignants) ou accepter de suivre une formation (choisie par l’administration) pendant ses congés. Ce dernier point est d’ores et déjà obligatoire dans la limite de cinq jours par an, en vertu de la loi Blanquer pour une école de la confiance du 26 juillet 2019.

La fédération FO de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle (FNEC FP FO) avait déjà refusé ce cadre de négociation, qualifiant le marché proposé de donnant-perdant. La hausse de la rémunération serait en effet conditionnée à l’application des réformes, celle des retraites et celles spécifiques à l’Éducation nationale pourtant massivement rejetées par les personnels, ainsi qu’à une remise en cause du statut des enseignants, expliquait-elle en substance.

500 millions d’euros : « l’hypothèse de travail » du ministre

Même si la réforme des retraites est à ce jour suspendue, le ministre de l’Éducation nationale n’en entend pas moins poursuivre sa politique salariale.

En janvier 2019, Jean-Michel Blanquer avait annoncé son intention de consacrer 500 millions d’euros aux revalorisations des enseignants prévues pour prendre effet en janvier 2021.

Interrogé à plusieurs reprises ces derniers jours sur la pérennité de cette enveloppe dans le contexte de la crise sanitaire, le ministre a assuré que les revalorisations annoncées dans le cadre de la réforme des retraites restaient d’actualité. Toutefois, il s’est aussi montré prudent, déclarant sur France Info le 25 mai : le budget est voté par la représentation nationale à la fin de l’année, donc tant que ce n’est pas fait, ce n’est pas fait. Mais en tous les cas, c’est mon hypothèse de travail aujourd’hui..

La revendication FO : une augmentation de la valeur du point d’indice

Quoi qu’il en soit, pour la FNEC FP FO, le compte n’y est pas. Outre son refus de conditionner les revalorisations à la bonne application de réformes qu’elle rejette et à une remise en cause des conditions de travail des enseignants, elle revendique, à l’instar FO Fonction Publique, une augmentation de la valeur du point d’indice (qui sert de base de calcul pour le traitement de tous les agents publics).

Pour au moins rattraper la perte de pouvoir d’achat cumulée depuis 2000, la hausse du point devrait être de 20,6% indique FO Fonction publique. Or, s’insurge-t-elle, comme la FNEC FP FO, toute discussion salariale est encadrée par le Protocole de parcours professionnels, carrières et rémunérations. Rejeté notamment par FO en 2015 mais imposé par le gouvernement, ce PPCR qui soumet la discussion salariale à la prise en compte d’indicateurs macro-économiques (croissance, inflation…) induit une absence d’augmentation.

Enfin, la FNEC FP FO, à l’instar de FO-Fonction publique, demande un démarrage de la grille indiciaire à 120 % du Smic. Cette dernière mesure pourrait d’ailleurs régler le problème que relevait le ministre de l’Éducation nationale, évoquant le manque d’attractivité du métier [d’enseignant, NDLR], en particulier pour les plus jeunes.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

FGF FO Fonctionnaires

FNEC FP FO Enseignement, Culture et Formation professionnelle