Salaires : des milliers de policiers FO en manif ce 7 avril à Paris

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

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Des milliers de policiers manifestaient depuis cet après-midi à Paris à l’appel du syndicat Unité-SGP-FO. Par cette action nationale de protestation, ils demandent des effectifs, des moyens pour leurs missions de sécurité mais aussi une revalorisation substantielle de leur grille indiciaire.

Dès le rassemblement ce midi place Clémenceau à Paris, -rassemblement auquel assistait le secrétaire général de la Confédération FO, Jean-Claude Mailly- les policiers ont donné le ton de leur colère à travers les banderoles déployées.

« Pas de revalorisation indiciaire, pas de signature d’accords », « la reconnaissance passe par la feuille de paie ». A la couleur de leur humeur, une banderole noire indique « toujours en première ligne… la police attend une juste reconnaissance. »

Pour venir à cette manifestation, les policiers de province ont réservé cinquante bus et 500 places de TGV. De nombreux fonctionnaires des départements de province sont présents, venus des Pyrénées-Atlantiques, du Maine-et-Loire, de Charente-Maritime, des Bouches du Rhône... Leurs collègues de la région parisienne se sont mobilisés aussi.

Des centaines d’heures sup’s

Des officiers de police judiciaires (OPJ) en passant par les services de police secours ou encore les CRS, des milliers de fonctionnaires se sont réunis ainsi aux alentours de la place Beauvau pour aller ensuite en cortège vers l’hôtel Matignon.

Nelly, 31 ans OPJ à Macon déplore l’insuffisance des effectifs dans son commissariat. « Nous sommes quinze OPJ pour traiter environ 250 dossiers. » La jeune femme a accumulé 200 heures supplémentaires en un an.

Françoise et Magalie, venues de Bretagne avec une quarantaine de collègues pestent elles aussi contre le manque d’effectifs qui induit une surcharge de travail.

Agents de police judiciaire (APJ) dans un service de police secours, elles s’indignent de voir leur brigade « qui manque de véhicules » et qui doit fonctionner avec quinze agents au lieu de vingt-cinq auparavant. »

« On est rappelé au travail sur nos jours de repos » explique Magalie qui a accumulé 168 heures sup’s sur l’année. Son mari, policier aussi, en est à 380 heures.

« Nous en avons marre »

Des CRS sauveteurs qui assurent la surveillance et la sécurité sur les plages du littoral s’inquiètent eux de la prochaine saison. Chaque année, 500 CRS sont mis à disposition pour cette mission durant tout l’été.

Cette année toutefois, faute d’effectifs suffisants pour réaliser les autres missions de police sur le territoire national, ils ne seront sauveteurs que pendant un mois, entre le 20 juillet et le 20 août.

« L’administration est aujourd’hui en mode dégradé » constate un policier de Paris s’irritant de « ces acquis qui diminuent au fil des années. »

« Si vous êtes tous à Paris aujourd’hui c’est pour dire que nous en avons marre » lance au micro Nicolas Compte, le secrétaire général adjoint d’Unité-SGP-FO. Pour le syndicat « seule la mobilisation sera en mesure de valoriser réellement les carrières. »

Pour la deuxième fois en six mois, les policiers se mobilisent ainsi pour faire entendre leurs revendications, à commencer par celle portant sur la rémunération et la carrière.

Depuis la précédente manifestation le 14 octobre dernier, à l’issue de laquelle ils avaient été reçus par le chef de l’État, l’engagement de mesures à mettre en œuvre avait été pris en effet par l’exécutif.

Aujourd’hui ces fonctionnaires estiment que les négociations « piétinent ».

Pas question d’attendre 2020

L’administration a ainsi proposé un plan pluriannuel s’étirant de 2017 à 2020, « ce qui est beaucoup trop long » estime Unité-SGP-FO.

Parmi les mesures prévues par ce plan, la revalorisation indiciaire proposée est inférieure au PPCR (protocole sur les carrières des fonctionnaires, rejeté par trois syndicats dont FO en septembre dernier mais imposé par le gouvernement).
Elle est aussi inférieure et à la grille type fonction publique avec allongement de la durée de passage dans les échelons.

« Le gain indiciaire en fin de plan, en 2020, soit dans cinq ans, pourrait être gommé par l’inflation » explique Unité-SGP-FO.

Par ailleurs, lors de la 1re réunion de négociation le 22 janvier, le ministère de l’Intérieur -avec lequel les syndicats de policiers négocient- n’envisageait pas de revaloriser l’ISSP, « l’indemnité de sujétion spéciale de police » soit la prime de risque attribuée aux policiers. Cette ISSP équivaut à 26% d’un traitement/salaire brut mensuel. La revalorisation de la prime OPJ (officier de police judiciaire) était limitée à 70 euros contre 50 euros actuellement.

Revalorisations insuffisantes

Depuis les premiers rendez-vous de négociations, le ministère a certes progressé dans ses propositions mais de manière encore trop limitée souligne Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP-police.

« L’administration a fait la moitié du chemin » indiquait-il à la veille de la manifestation. Toutefois si le ministère a « répondu favorablement à la revalorisation de l’ISSP, c’est en deçà de ce que l’on pouvait espérer et à cette revalorisation il faut associer le volet indiciaire. ».

Le ministère a annoncé en effet une revalorisation de 2% de l’ISSP et proposé d’améliorer la revalorisation de la prime OPJ à 90 euros (pour les OPJ exerçant leur qualification).

Il faut que le ministère « fasse encore des efforts » concernant la prime OPJ ainsi que sur l’ISSP expliquent les policiers.

Ils demandent aussi une refonte de la « prime de fidélisation » afin qu’elle compense la suppression pour les policiers franciliens du régime ASA, l’accélérateur de carrière prévu jusque-là pour ceux travaillant dans certaines zones sensibles.

Les fonctionnaires de police qui insistent sur l’urgence d’une revalorisation indiciaire regrettent toutefois que pour l’instant les négociations soient « au point mort ».


Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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