Salaires trop bas et inflation : les grèves et manifestations se multiplient dans le monde

Les articles de L’InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© Juan Diego Montenegro / SOPA Images/ZUMA/REA

Si à l’échelon international, la pandémie a toujours de lourdes conséquences sur le marché du travail, celles relevant de la guerre en Ukraine se font de plus en plus vives. La situation des travailleurs se dégrade, les grèves et/ou manifestations se multiplient.

En Équateur, des milliers de personnes sont mobilisées depuis le 13 juin contre la hausse des prix, en particulier du carburant. Depuis ces derniers jours, la plus grande organisation des nationalités indigènes organise ainsi barricades et marches à Quito, dénonçant le manque d’emploi, les envolées des prix agricoles et alimentaires et plus largement l’aggravation générale des conditions de vie des travailleurs équatoriens à mesure que le conflit en Ukraine dure. En Tunisie, après l’échec de négociations salariales, c’est une grève massive du secteur public, suivie à plus de 96 %, qui a eu lieu le 16 juin, à l’appel de l’UGTT. Trois millions de salariés ont souligné leur difficulté grandissante à faire face à l’inflation galopante. Ils demandent un réajustement de leurs salaires à hauteur de 10 %. Autre exemple de pays secoué par les retombées économiques et sociales de l’invasion de l’Ukraine : la Corée du Sud. Pendant huit jours, avant un accord trouvé avec le gouvernement, les chauffeurs routiers salariés, pointant la hausse massive et brutale des prix du carburant, ont manifesté pour des hausses de salaires et pour s’opposer à la disparition du salaire minimum garanti dans leur secteur. L’inflation en Corée du Sud (5,4 % en mai sur un an) n’a jamais été aussi haute depuis quatorze ans.

Forte déstabilisation des marchés du travail

Dans un rapport publié début mai, l’OIT avertissait de la forte déstabilisation des marchés du travail en Ukraine et dans les pays voisins (principalement Hongrie, Moldavie, Pologne, Roumanie et Slovaquie). Selon l’organisme international, près de 4,8 millions d’emplois ont été perdus en Ukraine depuis le début de l’agression russe, un chiffre qui pourrait atteindre 7 millions si le conflit perdurait.

À l’échelon de la planète, les pays dont les économies étaient déjà fragiles avant cette guerre sont de plus en plus impactés et ces situations font craindre désormais des risques de famine. Dans un rapport publié le 16 juin, l’ONU alertait ainsi sur la crise alimentaire touchant déjà plus de 15 millions de Soudanais (40 % de la population). Dans ce pays dévasté par un conflit armé de près de dix ans, l’inflation atteint 200 % et le prix de la tonne de blé a augmenté de 180 % depuis le début de 2022.

 

Royaume-Uni : la plus grosse grève des cheminots britanniques en trente ans

Grève d’une ampleur inédite depuis 1989 dans les transports ferroviaires britanniques (50 000 salariés). Depuis le 21 juin, à l’appel du syndicat RTM, les salariés ont effectué plusieurs jours de débrayage pour des hausses de salaires (au minimum de 7 %) tandis que l’inflation risque d’atteindre les 11 % sur 2022. Ils protestent aussi contre la dégradation des conditions de travail et s’opposent à la perspective de milliers de suppressions d’emplois dans le secteur du rail, menacé d’un projet de restructuration. Alors que la grève pourrait s’étendre à d’autres secteurs du transport, mais aussi à l’enseignement, la santé ou encore la poste, le gouvernement prévoit de son côté de modifier la loi afin de pouvoir remplacer des salariés grévistes des transports ferroviaires par des intérimaires. Il souhaite aussi que soient alourdies les sanctions financières contre les syndicats en cas de jugement d’une grève devant un tribunal.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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