Des représentants de l’ARS devaient se rendre au centre hospitalier de Vitré (Ille-et-Vilaine) le 11 décembre. Ils y étaient attendus de pied ferme. Le syndicat FO de l’établissement, qui compte 700 agents et des services majeurs, tel celui des urgences, la maternité, la chirurgie…, prévoyait en effet d’accueillir la délégation de l’agence régionale de santé (ARS) par un rassemblement visant à montrer le soutien à l’hôpital. Et pour cause, explique Sandra Turpin, 41 ans, mère de trois filles et infirmière dans la structure depuis son début de carrière il y a dix-huit ans, après un bac économie et trois années d’école d’infirmière à Fougères, sa ville natale. Le projet de nouvelle architecture du centre hospitalier, qui prévoit l’extension et la rénovation de l’établissement – 2 970 m2 neuf et 5 515 m2 restructurés – pour un montant total de 32 millions d’euros, dure depuis plus de dix ans
. Il s’agit, explique Sandra, de moderniser, de rénover le bloc opératoire, d’agrandir l’hôpital de jour…
. Mais l’ARS est revenue en 2024 sur ses engagements et a demandé que le projet soit rebudgété à hauteur de 30 millions, ce que la direction a fait. On a tous peur que le projet tombe à l’eau
. Cela alors que l’hôpital, comme beaucoup en France, subit une réduction de ses moyens et qu’il affiche un lourd déficit, dû notamment à l’intérim médical. Un déficit qui se creuse
, indique la professionnelle qui travaille dans les services de médecine, de cardiologie et de gastroentérologie. Or cet établissement, quarantenaire, a tant besoin d’améliorations, martèle celle qui, il y a huit ans, a pris sa carte à FO et qui au fil de son investissement syndical est devenue une militante très active. Plus on est nombreux, plus on peut faire bouger les choses. Il faut s’investir, ne rien lâcher !
Elle est ainsi élue du CSE de l’établissement et déléguée pour la F3SCT (la formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail).
On tient pour les patients et par leurs remerciements
Les bâtiments sont dégradés, vétustes. Des fuites d’eau, une douche ― dans un couloir ― pour trente-deux patients, il manque des chambres individuelles…
, déplore-t-elle. Par ailleurs, la direction vise toujours les économies, à commencer par celle sur les effectifs. Ainsi des personnels ne sont pas remplacés et on ferme des lits (en long séjour, chirurgie, soins de rééducation). Dix-neuf cette année. Il nous a fallu près de cinq ans pour obtenir un nouveau poste d’infirmière afin que le ratio soit de cinq postes pour trente-deux patients et non quatre
. Ces situations ont des conséquences pour les agents. La charge de travail augmente. On fait des heures supplémentaires chaque jour, de trente minutes à une heure. On court perpétuellement et on voit moins les patients. On passe dans les chambres pour réaliser les actes principaux en trois minutes, puis il y a tout le reporting administratif. La dimension humaine, relationnelle avec les patients manque. C’est frustrant.
Mais malgré ces difficultés, celle qui est devenue infirmière pour prendre soin des autres
, celle qui après une carrière de près de vingt ans perçoit un salaire de 2 300 euros net (prime pour enfants comprise et en comptant l’apport de la mesure salariale du Ségur) a toujours la passion de ce métier. On tient pour les patients et par leurs remerciements. Ils comprennent que l’on fait ce que l’on peut alors qu’il n’y a pas assez de personnel.