Cet accord, c’est comme si le patronat crachait à la figure des travailleurs
, s’indigne Franck Houlgatte, secrétaire général de UNSSP FO. Lors de la Commission Paritaire Permanente de Négociation et d’Interprétation de la Convention Collective Nationale 51, la Fehap, fédération patronale du secteur, a proposé la signature d’un avenant Ségur 2
. Dans un communiqué daté du 16 décembre, trois organisations syndicales, dont FO, ont annoncé qu’elles exerceraient leur droit d’opposition dès réception de la notification. Ces syndicats, majoritaires, demandent la réouverture immédiate des négociations
.
Primes minimes et calées sur l’ancienneté
La Fehap proposait une prime à plusieurs catégories de salariés, notamment les infirmiers et cadres infirmiers, les encadrants et cadres coordinateurs ainsi que les masseurs-kinésithérapeutes, les manipulateurs d’électroradiologie médicale, ergothérapeutes et les préparateurs en pharmacie. Calculée selon l’ancienneté, cette proposition de prime se décline en quatre échelons : 52 euro bruts mensuels jusque 3 ans d’ancienneté, 58 euros bruts mensuels de 4 ans à 14 ans d’ancienneté, 62 euros bruts mensuels de 15 ans à 20 ans d’ancienneté et enfin 70 euros bruts mensuels, à partir de 21 ans d’ancienneté.
Pour les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture, les directeurs des soins, les techniciens supérieurs en prothésie-orthésie, les dosimétristes et autres personnels de radiologie et les diététiciens, la prime, pour un salarié à temps complet, est de 19 euros bruts mensuels.
Des montants vexatoires
Pour les trois syndicats dont FO, le compte n’y est pas
: Les montants prévus sont jugés comme vexatoires par les salariés qui sont en droit d’attendre une juste rémunération au regard de leur investissement sans faille et de l’absence de réelles augmentations depuis plusieurs années
. D’autant que la prise en compte de l’ancienneté est peu pertinente au regard du turn-over dans ces professions. Peu d’infirmiers et d’infirmières continuent d’exercer ce métier durant plus de 21 ans, souligne Franck Houlgatte. Avec les conditions de travail aussi dures et des rémunérations aussi faibles, on reste rarement aussi longtemps dans cette profession.
Dans leur communiqué, les trois organisations syndicales expriment également leur désaccord sur le périmètre des salariés concernés par cet avenant et réclament son élargissement. Par exemple, les aides médico-psychologiques (AMP) et les accompagnants éducatifs et sociaux (AES), fortement présent dans la Convention Collective Nationale 51, avec les glissements de tâche, subissent les mêmes contraintes que les soignants et ne sont pas intégrés au texte.
Un enjeu pour l’attractivité du secteur
Dans un courrier daté du 10 juillet 2020, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, s’était engagé sur la revalorisation des grilles de rémunérations des personnels paramédicaux des filières de rééducation et médicotechniques de la fonction publique hospitalière au sein des établissements hospitaliers et des Ehpad des secteurs privés non-lucratif et lucratif. Cette mesure demeure soumise à la signature d’un accord de branches. Or, dans l’avenant de la Fehap, c’est une simple prime qui est proposée aux salariés. Une mesure bien en deçà de celle obtenue dans la fonction publique hospitalière, ce qui la rend difficilement acceptable et creuse encore l’écart entre les deux secteurs.
Depuis plusieurs mois, des accords ficelés sans marge de négociation sont soumis à signature
soulignent les trois syndicats, précisant qu’ils négocient à la FEHAP et non avec le gouvernement
. Et d’ajouter : nous ne prendrons pas part à ce chantage
. Ils demandent notamment au gouvernement de prendre ses responsabilités. Dans un contexte de manque de personnels, conséquences du manque d’attractivité du secteur et de faibles rémunérations, il y a un enjeu important. Si le gouvernement veut maintenir ces professionnels dans le métier, il va falloir les revaloriser très vite
. Et de manière conséquente.