#SaoPaolo @ITUC | Intervention de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière

Conseil général de la CSI (Confédération syndicale internationale) le 11 octobre 2015 à Sao Paulo (Brésil)

L’exposé du rapport économique montre bien que nous ne sommes pas sortis de la crise internationale du système capitaliste qui perdure depuis 2008, due à l’absence de régulation et de réglementation financières, un des éléments étant la bulle immobilière en Chine mais aussi la bulle étudiante aux États Unis.

Partout on constate un recul du rôle des pouvoirs publics qui subissent les décisions, ce qui pose un réel problème démocratique.

On a vu cela fortement en Europe ces derniers temps et pu en discuter lors du congrès de la CES à Paris récemment.

Partout l’accent est mis sur la compétitivité qui sert à favoriser le dumping social.

Ce qui permet de ne plus parler de productivité. Evoquer la compétitivité d’un pays n’a guère de sens : l’austérité peut provoquer un rétablissement de balance commerciale par la récession et l’effondrement des importations.

Dans tous les pays européens, on assiste à une remise en cause de législations sur le licenciement et le droit de grève (par exemple au Royaume Uni), à une décentralisation des négociations collectives (Espagne et Portugal) et demain ça peut l’être en France. Le renvoi au niveau de l’entreprise a pour conséquence un effondrement du nombre d’accords signés.

Je finirais par un exemple et un point sur les chaines d’approvisionnement.

En France une proposition de loi a été adoptée et qui, timidement, prévoit la responsabilité des donneurs d’ordre vis à vis de leurs sous-traitants y compris à l’étranger. L’effet est limité, car cela concerne les entreprises de plus de 5 000 salariés en France ou de 10 000 salariés en France et à l’étranger, avec possibilités de sanctions.

Cela concerne environ deux cents entreprises françaises. Certaines d’entre elles mènent un lobbying important, cela a pour effet de pousser à délocaliser ou même de dissuader certaines entreprises multinationales d’investir en France.

Il faut donc accentuer ce type de réglementation au niveau européen et international.

Je fais le lien avec ce dossier et celui du TTIP qui, s’il aboutit, aura pour conséquences que certaines entreprises pourraient porter plainte contre un État sur une législation contraire à leur intérêt.

C’est pourquoi, en effet, le syndicalisme constitue un rempart pour la démocratie et le rôle de la CSI est, de ce point de vue, essentiel.

J’ai usage de citer Warren Buffet qui a déclaré que : « la guerre des classes existe mais c’est la mienne, celle des riches qui est en train de l’emporter. »

Nous devons, nous Organisations syndicales, le faire démentir, nous avons un rôle important en tant qu’organisations syndicales aux plans social, économique et démocratique. 

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