Secteurs sanitaire et social : FO continue son combat pour les salaires et les conventions collectives

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Manifestation à Paris le 8 avril 2021 des salariés de la Santé privée, oubliés du Ségur de la Santé et n’ayant pas eu l’augmentation de 183 euros. © F. BLANC

Plus d’un an après les annonces du Ségur et la hausse salariale de 183 euros, des professions administratives et techniques en sont encore exclues. Par ailleurs, après avoir annoncé l’extension de cette mesure aux travailleurs sociaux, le gouvernement assoit son projet de convention unique étendue. Pour FO, l’urgence est aux 183 euros pour tous et à la revalorisation des salaires à travers l’amélioration des conventions collectives existantes.

C’est un combat social qui dure et qui continuera tant qu’il n’aura pas abouti, prévient Force Ouvrière. Durant l’été 2020, le gouvernement annonçait une hausse salariale de 183 euros pour les personnels de santé des hôpitaux. Cela marquait une étape importante, à mettre à l’actif de la mobilisation des professionnels, de FO notamment. Une mobilisation qui avait été lancée bien en amont de la crise sanitaire, laquelle montrera aux yeux de tous les difficiles conditions de travail des agents des secteurs de la santé.

Dès le début des négociations d’alors sur les revalorisations salariales, le gouvernement a volontairement exclu certaines catégories de professionnels, dans le seul but de faire des économies, souligne Franck Houlgatte, secrétaire général de l’UNSP-FO, santé privée. Mais ceux que l’on a appelé dès lors les Oubliés du Ségur sont restés mobilisés, avec FO à leurs côtés, forçant le gouvernement à reculer et à les intégrer un à un dans cette mesure salariale.

Reste toujours des exclus du Ségur

Non seulement les reculs obtenus l’ont été avec difficulté mais, face à de nouvelles attaques, le combat est loin d’être fini. Ainsi lors d’une réunion bilatérale organisée à la demande du ministère du Travail, le 17 mars, le gouvernement a indiqué travailler encore sur la liste des professionnels qui pourront bénéficier de l’extension des 183 euros nets mensuels, alors que cela est déjà prévu par le volet 2 de l’accord Laforcade. C’est donc bien lui qui a la main sur cette question déterminante : qui pourra en bénéficier ou pas, souligne un communiqué conjoint de la fédération FO de l’Action Sociale et de l’Union FO de la Santé Privée.

Actuellement, des professionnels administratifs et techniques sont toujours exclus de cette revalorisation salariale, s’insurge Franck Houlgatte. Pour le militant c’est incompréhensible. Dans nos établissements sanitaires et sociaux, ces personnels, qui ont des salaires faibles, ont autant de valeur que les soignants. Et nous travaillons beaucoup en équipe. Dès lors, pourquoi les exclure de cette mesure ?

Le risque d’une convention unique au rabais

Si l’exécutif annonce peu à peu l’extension de la mesure salariale à de nouveaux métiers, cette décision a lieu suite à la mobilisation des professionnels. La dernière annonce date du 18 février, et concerne les travailleurs sociaux, soit 140 000 emplois du secteur privé non lucratif. Les soignants et travailleurs sociaux territoriaux doivent être concernés bientôt eux aussi. Ce qui mettra fin à une inégalité de traitement inexplicable.

Mais si d’une main, le gouvernement étend la mesure salariale de 183 euros, de l’autre, de l’autre, il s’en prend aux droits. Le 18 février en effet, l’exécutif a confirmé son projet de Convention Unique Étendue, s’attaquant ainsi à l’existence même des conventions collectives CCNT 66 et CCNT 51. Seul FO conteste haut et fort cette convention unique. Il ne s’agit pas d’une opposition de principe, si l’on nous présentait une convention intéressante avec de vrais moyens pour revaloriser les salaires, nous y regarderions à deux fois ! Mais ce n’est pas le cas, souligne Franck Houlgatte. Ce genre de convention représente un coût très important. Or, là, le risque est d’aller vers une convention au rabais, ce que l’on a déjà vu pour les aides à domicile....

L’exécutif cherche à avoir la main sur la négociation

Alors que les réunions sur cette convention unique débutent ce mois-ci, la méthode apparaît claire. L’exécutif entend peser dans la discussion. FO indique ainsi que le ministère est demandeur de la mise en place d’une commission mixte paritaire afin de participer pleinement à cette co-élaboration de la convention. Le syndicat, lui, réaffirme son refus du corporatisme sous quelques formes que ce soit.

L’exécutif souhaite une négociation tripartite, et cela pour avoir la main sur les négociations, analyse le militant. On a pu constater que cette négociation était inter-branches : à aucun moment il n’a été demandé l’avis de chaque branche sur ce projet de convention. Cette stratégie permet d’éviter que les oppositions syndicales s’expriment au sein de ces branches.

Pour booster l’attractivité : augmentez les salaires !

Ce projet de convention unique, porté par le gouvernement et les employeurs (Axess), introduit des éléments nouveaux et pour le moins dangereux, notamment la prise en compte des compétences dans le salaire. Contrairement à l’ancienneté par exemple, le facteur des compétences est laissé à la discrétion de l’employeur, dénonce Franck Houlgatte. Nous nous opposons fermement à un salaire au mérite, soit à des critères classants et l’évaluation des compétences en lieu et place du respect des diplômes, des qualifications et de l’ancienneté.

Pour FO, la priorité va à l’amélioration des conventions collectives existantes, avec des moyens à la hauteur pour inverser la dégradation constante des conditions de travail. Les secteurs du sanitaire et du social souffrent d’un manque d’attractivité bien trop important. Chez les soignants, on compte 15 % à 30 % de postes vacants. En début de carrière, les éducateurs spécialisés ne gagnent que 1 300 euros par mois, et le salaire net médian s’affiche à 1 770 euros. C’est le résultat d’années de sous-financements publics, relève Franck Houlgatte. Si le gouvernement voulait inverser la tendance, il aurait fallu de suite qu’il annonce les 183 euros pour tous et la revalorisation des salaires dans les conventions collectives. Pas une convention unique étendue...

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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