Agents, usagers… Ils étaient invités par le ministère de l’Action et des Comptes publics à s’exprimer sur la question de l’avenir du service public. Quelque 17 000 personnes l’ont fait. 10 000 agents (sur un effectif total de plus de cinq millions) et 7 000 usagers des services publics. Conclusion ? Cette consultation, appelée « forum de l’action publique 2022 » et organisée du 24 novembre au 9 mars dernier à travers un questionnaire sur une plateforme en ligne et des tables rondes régionales n’a probablement pas apporté au gouvernement le résultat qu’il escomptait.
Et pour cause. La « restitution » de la consultation –faite ce 2 mai au ministère de l’Economie (Bercy) à Paris en présence du secrétaire d’État en charge de la fonction publique, M. Olivier Dussopt– a apporté des réponses particulièrement en phase avec les revendications actuelles des fonctionnaires, de FO notamment.
En janvier dernier, trois organisations de la Fonction publique dont l’UIAFP-FO (inter-fédérale FO) avaient d’ailleurs boycotté le comité de suivi de ce forum, rappelant leur opposition au programme général Action publique 2022 (AP2022) dont l’un des objectifs principaux affichés dans la circulaire du Premier ministre du 26 septembre 2017 est de privatiser ou d’abandonner des missions de service public
. Les organisations contestent le prisme budgétaire
comme seul fil conducteur
du programme et demandent, particulièrement Force Ouvrière, un véritable bilan des réformes déjà engagées depuis une dizaine d’années tant sur le plan des services que sur le plan statutaire
.
Les usagers eux aussi demandent que le périmètre des missions reste inchangé
Or, les remarques des agents et usagers dans le cadre de ce forum font pour le moins écho à ces déclarations syndicales. Ainsi, à travers l’opération forum, 66% des agents et 60% des usagers ont souligné leur sentiment de dégradation de l’action des services publics
. Cette dégradation qui se traduit notamment selon eux par la fermeture de certains services publics
et des temps d’attente qui s’allongent
provient de la baisse des moyens et des effectifs
. Les agents qui ont participé à cette consultation demandent eux notamment davantage de reconnaissance
et une amélioration des conditions de travail
.
Agents et usagers demandent majoritairement par ailleurs que le périmètre des missions de service public reste inchangé
. Pour eux, les cinq valeurs les mieux traduites par les services publics sont le devoir de neutralité, le respect de la laïcité, la protection des plus fragiles, l’adaptation aux évolutions de la société, la continuité des services publics
. Agents comme usagers estiment aussi majoritairement que le service public doit être accessible à tous
et être justement réparti sur le territoire
.
Privatisations et abandons de missions publiques sont inconcevables pour FO
Face à ces observations, reste à savoir quelles solutions envisagera le gouvernement pour améliorer
–comme il prétend vouloir le faire– les services publics. Or, les propositions de mesures de réformes, attendues prochainement, et qui émaneront du Comité d’action publique 2022 (formé de personnalités qualifiées notamment du secteur privé et des personnalités étrangères) d’où les organisations syndicales ont été écartées sont plutôt redoutées telles de nouvelles menaces de destructions de services et de missions.
En lançant ce programme à l’automne, le gouvernement prônant des réformes structurelles
avait ouvert en effet la possibilité que soient proposées des privatisations et abandons de missions
… Ce à quoi s’oppose FO.
Par ailleurs, le 1er février dernier, le gouvernement a annoncé un autre projet de réformes, à destination de la fonction publique. Conçu en quatre axes, le projet prévoit d’accentuer davantage encore la rémunération au mérite, de développer l’emploi contractuel, de concevoir des mesures de départs volontaires, de restructurer les instances représentatives du personnel (IRP) notamment par fusion des comités techniques et des CHSCT.
Le gouvernement a prévu que la concertation
sur ces thèmes durera jusqu’à l’automne prochain. Mais d’ores et déjà, ces projets qui attaquent directement le statut général de la Fonction publique sont rejetés par l’ensemble des syndicats. Ils sont notamment à l’origine du mouvement massif de contestation qui anime actuellement la fonction publique.
En effet, les agents construisent actuellement une mobilisation afin de faire entendre leurs revendications, salariales certes, mais aussi celles portant sur la défense des services publics, de leurs missions et des emplois publics ou encore celles portant sur la défense du statut général garant notamment de la neutralité des agents publics. Les neuf organisations de fonctionnaires –dont l’UIAFP-FO– appellent ainsi à une grève nationale le 22 mai prochain dans la fonction publique. Cette journée fait suite à la grève du 22 mars à l’appel de sept organisations dont FO.