Smic : Un salaire avant tout féminin

Colloque sur le salaire minimum par Mathieu Lapprand

De gauche à droite : Laurent Mauduit, Pierre Concialdi, Françoise Milewski, Carole Moniolle, Jean-Luc Outin et Jean-Pierre Le Crom.
Article publié dans l’action Dossier Égalité professionnelle

Françoise Milewski, économiste à l’OFCE, est revenue sur la situation particulière des femmes vis-à-vis du salaire minimum. Celles-ci constituent en effet la majorité des salariés qui perçoivent ce niveau de revenu : si les femmes représentent 43 % des salariés en France, elles représentent aussi 57 % des Smicards selon l’économiste, qui rappelle que 22 % des femmes travaillant à temps partiel sont au Smic horaire et que 80 % des salariés à temps partiel sont des femmes. Elles sont surreprésentées dans le secteur des services, qui compte plus de salariés au Smic que dans d’autres secteurs, comme l’industrie par exemple, explique Françoise Milewski. Cette dernière rappelle également que « le secteur de l’industrie dispose de grilles de qualifications qui n’existent pas dans le secteur tertiaire ».

« Monsieur gagne-pain et madame gagne moins »

Pour la chercheuse, « la société considère qu’il existe des compétences innées des femmes et ce qu’elles produisent dans la sphère marchande correspond à ce qu’elles font dans la sphère domestique : s’occuper des enfants, des anciens ». Elle précise que « les tâches assignées aux femmes et la durée de travail allouée sont souvent sous-estimées par rapport à la réalité », et cite en exemple la prise en charge des personnes âgées, dépendantes notamment.

L’analyse de Françoise Milewski conclut donc que le modèle de foyer actuel est celui de « monsieur gagne-pain et de madame gagne moins », ce qui pérennise la logique de salaire d’appoint. Ce modèle à double apporteur de revenus entraîne des inégalités supplémentaires par rapport à la multiplication des foyers monoparentaux. 

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

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