SNCF : à ce train-là...

Revue de presse par Michel Pourcelot

La SNCF revient régulièrement sur les rails de l’actualité mais sa route est bien incertaine, du moins en ce qui concerne le service public. Cette fois-ci, c’est le récent rapport sur "L’avenir des trains d’équilibre du territoire », les TET, les trains Intercités (les lignes nationales hors-TGV de la SNCF, appelés auparavant trains Corail), qui, publié, le 26 mai, a suscité une vague de réactions en recommandant l’abandon de certaines dessertes. Surtout en province.

La Montagne
« Les préconisations du rapport Duron, dévoilé ce mardi, ont fait l’effet d’une bombe dans la région. Sur ses six lignes nationales, la commission sur le devenir des trains d’équilibre du territoire (TET) pointe sévèrement le fonctionnement de cinq dont Montluçon-Bourges-Paris et Clermont-Nîmes (le Cévenol). De plus, les trois autres lignes traversant l’Auvergne paraissent figurer parmi les plus menacées : Clermont-Béziers, Clermont-Ussel-Bordeaux et Lyon-Montluçon-Limoges-Bordeaux. Mais rien n’est arrêté pour l’heure. Hier, le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, a indiqué via l’AFP que le gouvernement ferait les premiers arbitrages avant fin juin et que des décisions "complètes et cohérentes" interviendraient mi-2016 ». Cohérentes, mais avec quoi ? Le service public ?

La République
Du côté des Hautes-Pyrénées, on en doute : « Porte-parole des usagers du 65 qui défendent le service public ferroviaire, Georges Dussert avoue : "Nous ne nous faisions aucune illusion sur les conclusions de ce rapport. L’État subventionne ces lignes pour que les citoyens soient traités sur un pied d’égalité. Elles n’avaient pas vocation à être rentables". C’est pourquoi il appelle élus et population à se mobiliser pour que le gouvernement fasse machine arrière ». D’autant qu’il parait bien lancé.

L’Aisne nouvelle
En Picardie, « du côté des usagers, on s’emploie à démonter pièce par pièce l’argumentation du rapport Duron. Membre hyperactif de l’association À Fond de train, Didier Nakache habite près de Cambrai et travaille à Paris. Il connaît la ligne sur le bout des traverses ». Et conteste la « valeur des chiffres sur lesquels repose le rapport. "Les conclusions sont émises sur des chiffres fournis par la SNCF et sur lesquels on n’a aucun contrôle", dit-il. Busigny-Cambrai concentrerait ainsi 1% des voyages de l’axe Paris-Cambrai-Maubeuge. "Mais il n’y a plus qu’un train par jour sur cette ligne, rappelle Didier Nakache. Un train c’est 600 passagers et il n’y aurait que 6 passagers entre Busigny et Cambrai. Je prends ce train et j’y vois en moyenne une soixantaine de voyageurs... Ce sont des chiffres fantaisistes, la SNCF a dit ce qui l’arrangeait". Le rapport recommande également aux usagers au départ de Cambrai de se reporter sur le TGV en partance de Douai. "C’est 50 euros + 1,50 euros de réservation, contre 30 euros à partir de Cambrai, on comprend que la SNCF pousse à préférer le TGV". Les membres de l’association accusent même la SNCF de tout faire pour dégrader la qualité de l’offre Intercités ». Quand on veut se débarrasser de son chien, on lui inocule la rage.

L’Usine nouvelle
Un ancien ministre des Transport concède d’ailleurs que la plupart des « lignes sont non rentables parce que l’on a fait en sorte qu’elles ne le soient pas. Si vous réduisez l’offre au minimum et que vous la rendez inconfortable, ce n’est pas étonnant ». Quand on veut se débarrasser des Intercités, on...

Centre Presse Aveyron
Quant aux trains de nuit, on ne risque plus d’en entendre beaucoup le soir au fond des campagnes : le signataire du rapport, le député Philippe Duron, n’hésite pas à déclarer : « Est-ce que c’est le métier de la SNCF de faire ça ? Est-ce qu’un opérateur qui se spécialiserait là-dessus, qui n’aurait pas beaucoup de frais de structure, ne serait pas plus à même de remplir ce service ? ». Président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf), le "gendarme du rail", « Pierre Cardo préconise d’ouvrir certaines lignes à la concurrence. Une position que partage l’Association française du rail (Afra), qui regroupe des entreprises ferroviaires privées ». Là, pas de problèmes de correspondances...

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante