Les cheminots manquent de moyens de protection efficaces face au Coronavirus, une reprise de l’activité dans les conditions actuelles n’est pas acceptable,
Durant la période de confinement, la circulation des TGV et Intercités est tombée à 6 % ou 7 % du trafic normal. Elle s’élève aux alentours de 15 % pour les TER et de 25 % pour les Transiliens. Dès le 11 mai, date prévue du déconfinement, la direction de la SNCF pourrait remettre la moitié de ses TGV sur les rails et même 70 % des trains en région parisienne. C’est ce qu’a laissé entendre le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, le 24 avril sur BFMTV.
Il y aurait ensuite une reprise progressive du trafic pour atteindre 100 % des TGV au début de l’été. Il y aurait même des trains dès le 8 mai,
En prévision de la reprise des déplacements, le patronat des transports publics – dont celui de la SNCF – a écrit le 17 avril au Premier ministre pour exiger le port obligatoire du masque pour tous les usagers des gares, trains, bus, stations et rames de métro... Ce courrier est un aveu : le patronat est incapable d’assurer une distanciation sociale dans les transports, et cela s’ajoute à son incapacité à protéger efficacement les salariés
, dénonce la fédération FO-Cheminots.
Disparition des stocks
Ils veulent que chaque passager ait un masque, mais de quel type, est-ce qu’une écharpe suffira ?
Depuis le début de la crise sanitaire, FO dénonce un matériel de protection inexistant ou en quantité insuffisante, faisant courir un risque pour la santé des salariés. On a un référentiel pandémie depuis la grippe aviaire, tout avait été mis en place pour faire face à une crise sanitaire d’ampleur,
Pour protéger les salariés, des élus FO ont déposé plusieurs droits d’alerte auprès des directions régionales. L’inspection du travail a confirmé des manquements de l’employeur dans la protection des cheminots exposés au risque de Covid-19 sur les périmètres des CSE du TER Auvergne-Rhône-Alpes et l’axe TGV Sud-Est.
FO demande une reconnaissance automatique de maladie professionnelle
Durant la période de confinement, les cheminots placés en chômage partiel conservent 100 % de leur rémunération. Ceux qui travaillent ont des journées allégées. Les pertes de primes sont compensées par une indemnité de service restreint. Mais tous les salariés doivent donner cinq jours de repos, une décision dénoncée par FO. Ces jours sont aussi pris à des gens envoyés au charbon pendant cette période, et bien souvent sans les moyens de protection nécessaires,
Le militant estime entre 2 500 et 3 000 le nombre de cheminots malades du Covid-19.
FO-Cheminots a écrit le 24 mars au secrétaire d’État aux Transports pour demander une reconnaissance automatique de maladie professionnelle pour les salariés de la branche ferroviaire et de la restauration ferroviaire infectés par le Coronavirus et appelés à travailler au cours de cette période. Pour l’instant, celle-ci n’est accordée qu’aux soignants. On n’a pas eu de réponse
, déplore Daniel Ferté. Demande réaffirmée par la Commission exécutive confédérale FO, réunie le 20 avril, qui soutient la reconnaissance en maladie professionnelle du Covid-19 pour les salariés exposés dans le cadre de leur activité.
La fédération FO-Cheminots est d’autant plus remontée que le patronat des transports publics précise dans son courrier au gouvernement qu’assurer la distanciation sociale demande des moyens humains énormes et serait onéreux en argent public. Or, rappelle Daniel Ferté, en vingt ans, 45 000 postes ont été supprimés à la SNCF
. FO-Cheminots souligne aussi qu’un véritable service public du transport ferroviaire coûte cher et ne peut être compatible avec la course à la rentabilité
.
Dans un courrier adressé début avril au P-DG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, le secrétaire général de FO-Cheminots, Philippe Herbeck, rappelait que l’entreprise n’est pas dans une situation économique ou financière fragile : nous avons versé plus de 500 millions d’euros de dividendes à notre actionnaire au titre de 2019 et cet actionnaire, c’est l’État
.
La crise sanitaire n’a d’ailleurs pas empêché la SNCF de poursuivre ses affaires et de signer son entrée sur le marché espagnol le 13 avril, pour y exploiter dès l’hiver prochain des lignes à grande vitesse low cost…