Solidarité syndicale internationale : plus que jamais l’union fait la force

1er Mai 2021

 
Article publié dans l’action 1er Mai 2021

Pour ce 1er mai 2021, des camarades internationaux ont adressé à FO des messages traduisant la solidarité entre les travailleurs de tous les continents. Ils soulignent les relations, souvent anciennes, mais surtout importantes et pérennes de la Confédération FO avec des organisations syndicales à travers le monde. Extraits.

Chaque année, le 1er mai est important mais en 2021 où nous essayons de lutter pour construire une reprise juste, il est incroyablement important insistait Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI dans son message vidéo adressée à la confédération pour cette journée internationale des travailleurs.

Sharan Burrow. © F. BLANC

Avant même que la Covid-19 se soit traduit par une double crise —une inégalité massive et historique ainsi que des troubles sociaux entraînés par des personnes en colère—, de plus en plus de gens ressentaient le désespoir. Maintenant la Covid-19 a conduit aux divisions d’un marché du travail défaillant. La lutte pour les droits est d’autant plus importante. Nous construisons un avenir meilleur. Nous nous battons pour un nouveau contrat social : des emplois, des emplois et des emplois, des emplois respectueux du climat. Des droits pour tous les travailleurs. C’est la déclaration du siècle de l’OIT indiquait Sharan Burrow rappelant que dans beaucoup de pays (Myanmar, Hong-Kong, Philippines, Belarus, Zimbabwe…), les actions pour la liberté, la démocratie et les droits des travailleurs sont toujours durement réprimées.

La solidarité internationale pour la protection des travailleurs prend tout son sens. Nous voulons une protection sociale et une solidarité universelles pour construire ces systèmes pour les 72% ou 73% de la population mondiale qui n’ont aucune protection sociale. Nous voulons l’égalité, l’égalité des revenus, l’égalité des sexes, l’égalité raciale et, bien sûr, nous voulons un avenir inclusif, avec un développement juste réalisant les objectifs de développement durable et une réforme saine des systèmes multilatéraux.

L’appel des camarades brésiliens

Dans leurs messages ce 1er mai 2021, tous les camarades, quelles que soient leurs origines géographiques, ont ainsi tenu à rappeler le caractère indispensable de la lutte syndicale et du champ de la solidarité internationale. Cette dernière est encore plus importante au vu de la pandémie que nous vivons et des attaques néolibérales indiquait pour la CUT le Brésilien Antonio Lisboa. Au Brésil, nous traversons la pire crise sanitaire et humanitaire de l’histoire de notre pays appuyait de son côté Miguel Eduardo Torres, président de la Force syndicale, de la confédération nationale des métallurgistes du Brésil et du syndicat des métallurgistes de Sao Paulo. Le militant stigmatisait l’attitude du gouvernement Bolsonaro ayant entrainé une cascade de conséquences dramatiques. Au-delà des morts, la croissance alarmante de la pauvreté, de la pauvreté et du chômage dans notre pays. Nous vivons une catastrophe politique, économique, et sociale sans précédent dans notre histoire.

Et de lancer un appel qui en dit long sur la gravité de la situation brésilienne… Nous remercions et demandons tout le soutien solidaire possible des travailleurs, des entrepreneurs et des gouvernements de France et du monde entier, qui peuvent contribuer à l’envoi de vaccins, de médicaments et de matériel hospitalier pour lutter contre la Covid-19.

Le syndicat, le meilleur moyen de se défendre

Militante gabonaise dans le secteur des infrastructures de la Défense, au sein des éléments français au Gabon (EFG), Anne-Valérie Assoua, rappelait l’âpreté et parfois le danger des luttes. Il y a des personnes je citerai par exemple Martine Oulabou [enseignante tuée à Libreville en 1992 lors d’une marche syndicale, NDLR] qui ont donné leur vie pour la défense des intérêts collectifs. Mais quelles que soient les difficultés et les drames, le fait syndical reste au cœur de la société gabonaise, il l’imprègne insistait la militante annonçant le projet phare pour 2021 des personnels civils de recrutement local (PCRL), soit la mise en place d’un syndicat qui serait affilié à une confédération gabonaise, notamment la Cosyga.

Son secrétaire général, Philippe Djoula adressait lui aussi un message, se réjouissant de nouvelles adhésions depuis la pandémie mais notant que cela traduit une augmentation des conflits entre employeurs et employés. Et pour le secrétaire de Cosyga, la première confédération gabonaise, cette période du Covid-19 expose davantage les droits des travailleurs, et ces derniers recherchent dans le syndicalisme le meilleur moyen de leur défense. Les droits à défendre ne manque pas, citant le depuis la crise les problèmes de la réduction conséquente des heures de travail, le chômage partiel… Autant de mesures appliquées sur décisions unilatérales du gouvernement précisait-il.

On peut le faire

Saluant les liens historiques entre FO et la centrale espagnole, Jesus Gallego, de l’UGT listait toutes les grandes réformes que nous devons mener ensemble : salaire minimum, travailleurs des plateformes, numérisation, télétravail… Tous les défis du monde du travail auxquels nous nous confrontons aujourd’hui. La lutte, toujours compliquée, apporte heureusement des réussites. Le militant en citait un exemple. Nous avons défendu le droit de grève pendant plus de 2 mois et finalement la loi a été retirée après l’inculpation de près de 300 syndicalistes. Grâce à la solidarité internationale, nous avons obtenu cette grande victoire.

Pour Marie Clarke Walker, de la centrale canadienne CTC, il est clair que le monde a besoin de notre force collective, maintenant plus que jamais. Quand nous unissons nos forces, on peut réaliser de grandes choses. C’est comme ça que nous avons remporté la convention 190 sur la violence et le harcèlement. La convention (…) envoie un message non équivoque sur l’incompatibilité entre la violence, le harcèlement et le travail décent. Elle est pleine d’espoir et de possibilités et c’est ce qui conduira le changement vers le progrès puisque nous passons de la négociation et l’adoption à la ratification et à la mise en œuvre.

Le mouvement de ratification doit s’amplifier martelait la militante car c’est ce qui permet de rendre la convention exécutoire, c’est ce qui permet aux travailleurs de demander aux gouvernements et aux employeurs de rendre des comptes. Et la camarade canadienne de porter un message plein d’espoir en cette journée internationale de revendications : c’est comme cela qu’on traduit des idées et des principes en progrès. On peut le faire.

Double peine : Covid et Brexit…

La militante irlandaise (ITUC) Esther Lynch, secrétaire confédérale de la CES, rappelait, elle, la révolution inachevée pour les droits des femmes. La lutte continue en Europe pour essayer de faire évoluer l’égalité salariale de la théorie et de la promesse à la réalité. Et de souligner fort concrètement qu’en ce moment, pour chaque euro que les hommes gagnent, les femmes ne gagnent que 86 centimes et sur l’année cela équivaut à deux mois de salaire en moins. Le chemin vers l’égalité salariale est encore long.

Gail Cartmail, présidente du TUC et secrétaire générale adjointe du syndicat Unite faisait part de la double préoccupation des travailleurs britanniques. Covid et Brexit ont gravement touché les emplois et le niveau de vie dans notre pays et le TUC continue de se battre pour les droits des travailleurs à un salaire décent et à des protections au travail. Nous (…) continuerons de demander des comptes à notre gouvernement s’il tente de diluer ces droits. (…) Nous continuerons à avoir besoin de votre solidarité pour empêcher toute tentative du Royaume-Uni de pratiquer le dumping social Et de conclure sur un message de solidarité des travailleurs : Nous devons être unis et travailler ensemble pour défendre les intérêts des travailleurs, quel que soit leur passeport ou l’entreprise pour laquelle ils travaillent.