Polar : Dis-moi quelle maison tu habites, je te dirais qui tu es

Actualités par Corinne Kefes

Londres, de nos jours. Jane emménage dans la maison qu’habitait Emma il y a trois ans. Une succession de locataires banale pourrait-on penser. Il n’en est rien. Page après page, on se retrouve pris dans un jeu étrange de métronome, passant alternativement de l’histoire d’Emma à celle de Jane, où les chapitres se suivent en narrant la même situation vécue par ces deux femmes. Il y a un effet quasi hypnotique dans cette répétition jamais tout à fait la même, où passé et présent semblent se mêler. Un effet renforcé par l’utilisation permanente du « je » d’Emma puis de Jane.

Et au centre de cette histoire, il y a la maison. Ultra-moderne et remplie de domotique, son concepteur, un architecte talentueux mais étrange, conditionne sa location au respect de plus de deux cents règles et à l’obligation de remplir régulièrement des questionnaires plus ou moins intrusifs.

Le livre est bâti sur une réitération, comme un souvenir obsessionnel, qui évoque les notions de contrôle et de libre-arbitre, de suggestion et de mensonge, de nature et de perfection.

Pousser la porte de cette maison c’est entrer dans un monde net et dépouillé qui, par contraste, met en lumière la confusion et le chaos que chacun peut porter en soi. 

La Fille d’avant, J.P. Delaney, éditions Mazarine, 430 pages, 21,90 euros.