Quand le secteur public fait la nique aux grands groupes

Événement par Valérie Forgeront

Avec 311 cas, le secteur de l’énergie est celui qui compte le plus de ré-internalisations dans le monde. Leader avec 284 cas (contre deux pour la France), l’Allemagne change de cap après avoir été dominée par quatre géants privés depuis la libéralisation du secteur dans les années 1980. Ces sociétés ont en effet été incapables de répondre aux aspirations du public en termes de transition et d’énergies renouvelables, analyse l’étude. Le secteur public a donc repris la main à travers la création d’entreprises publiques locales, de coopératives citoyennes et de remunicipalisations. Sur le plan mondial, le secteur de l’eau arrive lui en deuxième position pour les ré-internalisations avec 267 cas répartis dans trente-trois pays. Avec 106 cas, la France (suivie des États-Unis, de l’Espagne et de l’Allemagne) est en tête du palmarès. Lien de cause à effet ? C’est elle qui a la plus longue histoire de privatisation de l’eau et est la patrie des leaders mondiaux du secteur, Suez et Veolia. Illustration des économies dégagées par une reprise de contrôle de service : la remunicipalisation du service de l’eau à Paris, en 2010, a permis d’abaisser le budget de ce secteur de 40 millions d’euros.

Tout service peut être remunicipalisé

Avec 20 cas sur les 38 observés dans neuf pays, la France est leader aussi en matière de remunicipalisation de transports locaux. Le Royaume-Uni est deuxième. Certaines gestions administratives locales (espaces verts, piscines, cantines scolaires, logement…) reviennent elles aussi dans le giron public. On compte 140 cas répartis dans douze pays. Le Royaume-Uni est leader dans ce domaine devant l’Allemagne et la France. Il est par ailleurs très actif (troisième position derrière la Norvège et la Suède) en ce qui concerne les remunicipalisations des services de soins de santé et du travail social, et deuxième derrière l’Allemagne par le nombre de remunicipalisations de services de traitement de déchets, et encore deuxième pour le retour dans le giron public de services d’éducation. Le Royaume-Uni aurait-il été échaudé par son système de privatisations à outrance 

 

Focus : Robin Hood de retour à Nottingham…
Pour répondre aux besoins des nombreuses familles pauvres qui peinaient à payer leurs factures d’électricité et de gaz, Nottingham a créé en 2015 l’entreprise publique Robin Hood Energy, avec le slogan Pas d’actionnaires privés. Pas de bonus pour les dirigeants. Juste des prix clairs et transparents. Ce Robin des bois qui pratique les tarifs les plus bas de tout le pays a fait des émules dans plusieurs villes. À Londres, des associations font campagne pour créer une telle entreprise dans la capitale britannique.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante