Ile de La Réunion : victoire éclatante des salariés de la sucrerie Bois-rouge

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

B.navez, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Il aura fallu une semaine de mobilisation massive cet été pour que les revendications des salariés de la sucrerie Bois-Rouge, située sur l’île de La Réunion et appartenant au groupe Tereos, soient entendues. Alors que des revalorisations salariales sont attendues et que des primes sont acquises, la direction s’est engagée aussi à commander une étude sur les risques psychosociaux au sein de l’entreprise.

C’est une belle victoire se réjouit Pascal Dalleau, délégué FO au sein de la sucrerie Bois-Rouge à La Réunion. Après une semaine de grève du 16 au 24 août, la direction du groupe Tereos, auquel appartient l’usine, a dû répondre aux revendications portées par le deuxième syndicat au sein de la sucrerie.

Point de départ de la grève : un énième épisode violent avec un cadre dirigeant de l’usine. Son management, très autoritaire, date d’une autre époque. Les salariés ne voulaient plus travailler avec lui, explique le militant. D’autant que nous avions déjà fait une action de débrayage l’année dernière pour alerter la direction de cette dérive managériale. À ce problème en forme de goutte d’eau qui a fait déborder le vase, s’ajoutaient des revendications salariales. Et pour cause !

Ce mouvement est en lien direct avec l’inflation exponentielle sur l’île et qui plombe le pouvoir d’achat des salariés, souligne FO-FGTA dans un communiqué de soutien. Fin juillet, l’Insee relevait pour La Réunion une hausse de 4,2% des prix à la consommation sur les douze derniers mois, notamment sous l’effet de la hausse des prix du carburant.

Prime immédiate de 1 000 euros et revalorisations salariales à venir

Sur le volet salarial, FO a obtenu que la revalorisation de la grille salariale des ouvriers soit évoquée lors des prochaines NAO de 2023. Une bonne chose alors que la grille actuelle date de Mathusalem, dénonce Pascal Dalleau. Le syndicat a aussi obtenu qu’une prime de 1 000 euros net soit accordée immédiatement aux salariés au titre de la prime de partage de la valeur, détaille le délégué FO. Par ailleurs, 183 euros seront ajoutés à la prime dans le cadre de l’accord d’intéressement. Nous demandions une prime d’énergie, à hauteur de 45 centimes pour chaque tonne de sucre travaillée. Cela s’est finalement traduit par une hausse du montant de l’enveloppe de l’intéressement.

Force Ouvrière demandait également que les saisonniers embauchés par l’entreprise travaillent a minima 910 heures par an, afin qu’ils puissent bénéficier ensuite d’une ouverture de droits aux allocations chômage. La direction a accepté d’étudier leur situation au cas par cas. Elle s’est engagée à mettre en œuvre tous les moyens afin que la plupart puissent arriver à cet objectif, essentiel pour leurs droits.

Concernant les problèmes de management, FO a obtenu de la direction Tereos qu’une étude sur les risques psychosociaux au sein de l’entreprise soit commandée à un cabinet indépendant. Par ailleurs, un registre de signalement sera aussi mis en place pour que les salariés puissent faire savoir les abus dont ils sont victimes, ajoute Pascal Dalleau. Cela revient pour la direction de Tereos à enfin admettre la possible existence de dysfonctionnements dans le management alors que jusque-là, elle déclarait ne pas être au courant de quelconques problèmes.

95 % de grévistes au sein de la production

Après une semaine de grève, cette victoire syndicale a toutefois été obtenue à l’arraché, observe le délégué. En effet, après plusieurs discussions infructueuses avec la direction de Tereos, les organisations syndicales ont dû demander à l’Inspection du travail d’intervenir et de mettre en place une médiation. C’est ainsi que le 23 août, une réunion de conciliation s’était tenue à la Direction du travail à Saint-Denis. C’était un peu la réunion de la dernière chance, indique Pascal Dalleau. La preuve : celle-ci s’est terminée à 21h !

Mais plus largement, les salariés ont su créer un rapport de force, lequel a abouti. Le taux de gréviste atteignait 95% dans le secteur production ! rappelle Pascal Dalleau. Les salariés ont accueilli l’accord avec joie, contents des avancées obtenues. Lorsqu’ils m’ont dit merci pour les négociations, je leur ai répondu merci à vous. Parce que sans leur mobilisation, rien n’aurait été possible.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération