Sugarland : l’addition est sucrée

Consommation par Michel Pourcelot

Un film documentaire, sorti dans les salles le 24 janvier, dénonce la consommation excessive de sucre due à sa large utilisation par l’industrie agroalimentaire, sans que le consommateur en soit vraiment conscient.

Après le sel, le sucre ! On sait qu’il est présent dans bien des produits, dont bien sûr les sodas, mais on ignore à quel point il est presque partout. On le retrouve même dans des produits salés, par exemple dans des saucissons. Dans Sugarland, le réalisateur et acteur, un Australien, s’est changé en cobaye et a filmé les effets sur sa santé d’une consommation excessive de sucre. Pour mettre en évidence tous ces sucres cachés, Damon Gameau a suivi pendant deux mois le régime de l’Australien moyen, tout en évitant cependant les aliments réputés sucrés. Il a ainsi absorbé l’équivalent de 40 cuillerées de sucre par jour. Bilan : plus de huit kilos en plus, une augmentation du tour de taille de 10 cm et un début de diabète.

Addict

35kg

C’est la consommation de sucre par an et par personne en un an en France, contre un seul kilo il y a un siècle.

En effet, l’industrie agroalimentaire utilise de plus en plus de sucre, notamment dans les plats préparés. Bien souvent ces sucres sont ajoutés pour compenser une diminution du gras. Le sucre a l’avantage d’améliorer le goût et la texture et de contribuer à la conservation, mais il a également des propriétés addictives. Ainsi, inconsciemment, le consommateur reviendra vers un produit possédant du sucre ajouté. Il s’agit généralement de sirop de glucose-fructose, aussi appelé isoglucose ou high fructose corn syrup (HFCS), qui, bon marché, tend à remplacer, depuis plusieurs années, le saccharose issu de la betterave ou de la canne à sucre. La production et l’utilisation massives de HFCS découlent d’une décision politique prise par les États-Unis dans les années 1970 afin de se libérer des importations de sucre de canne et de betterave, expliquait en 2015 la biologiste Anne-Françoise Burnol, directrice de recherche au CNRS. Parallèlement à l’augmentation de la consommation de sucre, on a assisté à l’émergence d’une épidémie de maladies métaboliques, comprenant l’obésité, le diabète de type 2 et la stéatose hépatique non alcoolique (NASH en anglais), qui peut dériver vers une cirrhose, même pour des personnes qui ne consomment pas d’alcool, et un cancer du foie. La note peut alors être salée.

Pour aller plus loin : « Sucres libres » et OMS
Les « sucres libres », tels que le glucose ou le fructose, diminuent la satiété et donnent ainsi envie de manger plus. En 2015, l’OMS a baissé à 25 grammes par jour sa recommandation de consommation journalière de sucre, en raison de la hausse de l’absorption de sucres cachés, qui peuvent constituer la moitié de la consommation de sucre.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante