Suppression de 677 emplois chez ExxonMobil : le projet d’accord sur le PSE ne convient pas à FO

Les articles de L’InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Laurent GRANDGUILLOT/REA

Deux mois après l’ouverture des négociations sur le plan social visant 677 suppressions d’emploi chez le pétrolier américain ExxonMobil, à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), la dernière journée de négociation avec les syndicats s’est conclue, le 25 juillet, sur un projet d’accord qui ne satisfait pas FO, majoritaire. La section a jusqu’au 6 août pour se positionner.

C’est le dégoût qui l’emporte. Jeudi 25 juillet, au sortir de la septième réunion de négociations sur le projet de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), visant 677 suppressions d’emploi dans la branche chimie d’ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), Pierre-Antoine Auger, délégué syndical central FO, ne cachait pas sa déception, et sa colère. Le niveau des mesures d’accompagnement proposées par la direction est largement insuffisant, au regard de l’importance des bénéfices nets du groupe mondial (36 milliards de dollars, NDLR). Elles seront amorties en sept mois, si l’on considère les seuls bénéfices d’ExxonMobil en France ! S’il y a eu de toutes petites avancées, l’ensemble reste bien trop éloigné de nos revendications. Il n’est pas à la hauteur du préjudice subi par les salariés qui vont perdre leur emploi, martelait le militant FO, également élu du CSE (comité social et économique) sur le site normand.

FO, organisation majoritaire qui continue de revendiquer zéro départ contraint, espérait que cette septième réunion, que la direction France du pétrolier américain considérait comme étant la dernière après deux mois de négociations, serait effectivement dévolue à celles-ci. Il n’en a rien été. Ou si peu. La direction prétend depuis le 2 juillet que l’enveloppe globale du PSE est arrêtée à 153 millions d’euros et que les mesures financières n’évolueront plus. Elle a consenti, ce jeudi, à quelques améliorations au retour d’une suspension de séance, principalement sur les mesures de volontariat ou de pré-volontariat, commente le militant, pour qui la direction France doit aller cherche un autre mandat financier au niveau groupe.

Des négociations jugées très difficiles

Le compte n’y est pas pour FO, qui porte en intersyndicale (constituée à trois organisations) une plateforme de revendications. Celle-ci exige notamment, pour les salariés qui partiraient en reclassement externe, une prime-plancher de 50.000 euros (excluant toute autre indemnité de départ et quel que soit le nombre d’années d’ancienneté), ainsi qu’un congé de reclassement de 24 mois minimum. En matière de mesures d’âge, elle demande, pour les salariés éligibles et souhaitant anticiper leur départ en retraite ou pré-retraite, un congé de fin de carrière (CFC) de sept ans, rémunéré à 81% du salaire brut, auquel s’ajouterait le CFC de droit selon leur catégorie professionnelle (travail posté en 3X8, en 2X8, Oetam de jour ou cadre).

Elle revendique également l’intégration, dans ce projet de PSE, des sept salariés du dépôt de Lyon (Rhône), sans repreneur, afin qu’ils bénéficient des mêmes mesures que leurs collègues normands. Proposition refusée. On ne connaît pas le contenu des mesures d’accompagnement qui doivent leur être proposées. C’est le flou complet, dénonce le militant FO.

Si la direction France dit vouloir un accord majoritaire, elle a pour l’instant arrêté le curseur bien en-deçà des revendications syndicales. Concrètement, au terme de cette septième réunion, l’enveloppe pour accompagner les reclassements externes s’élèverait, toutes indemnités cumulées, à 35.000 euros pour les salariés ayant trois à cinq ans d’ancienneté, et à 42.000 euros, pour ceux ayant cinq à dix ans d’ancienneté. La durée du congé de reclassement proposé est d’un an.

Nous faisons face à un mur

Les négociations sont très difficiles depuis le début. Nous faisons face à un mur, appuie Pierre-Antoine Auger. Depuis l’annonce du projet de PSE, plusieurs grèves et débrayages ont eu lieu (et encore le 26 juillet). En juin, à l’issue de deux semaines de barrages filtrants sur la zone industrielle de Port-Jérôme, à Lillebonne et Notre-Dame-de-Gravenchon, qui ont empêché les entrées et sorties de produits, la direction a poursuivi en justice deux représentants syndicaux – dont un coordinateur FO. Au motif d’entraves à la liberté du travail, et à la libre circulation des biens et marchandises. Ils ont été relaxés le 1er juillet.

Ce sont des méthodes d’intimidation, commente le militant FO, pour qui une ligne rouge a été franchie. Ces deux représentants syndicaux ont reçu la visite d’un huissier à leur domicile ! Mais le délibéré, rendu le 1er juillet, leur a donné raison : ils représentent leur syndicat, qui lui-même représente les centaines de salariés mécontents face aux propositions ridiculement basses de ce projet de PSE. Ils ne pouvaient être poursuivis à titre personnel. Le tribunal a tranché, explique-t-il.

Réponse de FO d’ici le 6 août

Le bras-de-fer n’est pas terminé, la direction de la filiale française conditionnant certaines mesures (notamment sur les primes au volontariat ou au pré-volontariat) à la signature d’un accord majoritaire. Le projet d’accord a été envoyé le 26 juillet aux organisations syndicales, qui ont aussitôt organisé une assemblée générale devant quelque 200 salariés.

Les syndicats ont jusqu’au 6 août pour se positionner. Passé cette date, le projet sera, dans tous les cas, transmis, pour homologation, à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarité (Dreets). Nous allons consulter tous les adhérents, avant de prendre une décision. Mais les premières réactions à chaud étaient plutôt négatives, indique Pierre-Antoine Auger, sans préjuger de l’issue.

L’ultime alternative serait que les services de l’État demandent une relance des négociations, en cas de désaccord. De toutes manières, il y a matière à redire sur ce projet de PSE, notamment sur les catégories professionnelles, bien trop nombreuses, qui servent de base à l’application des critères d’ordre des futurs licenciements. Plus elles seront élargies (et ainsi leur nombre réduit, Ndlr), plus les reclassements internes seront facilités. Il y a matière à redire aussi sur les mesures d’âge, qui traduisent une inéquité de traitement entre salariés selon leur catégorie professionnelle, précise le délégué syndical central FO.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Sur le même sujet