Les plus modestes, premières victimes du surendettement et des accidents de santé graves

REVUE DE PRESSE par Christophe Chiclet, L’inFO militante

Les personnes les plus modestes, fragilisées par la précarité due à la faiblesse de leurs revenus, restent les plus touchées par les risques de surendettement. A cette menace de bascule dans la grande pauvreté s’ajoute le risque, d’accidents graves de santé, en l’occurrence le risque d’AVC. Ce n’est pas FO qui le dit. Les données émanent de la Banque de France, pour le surendettement, et de la Drees, en ce qui concerne les incidences que peut avoir la pauvreté sur la santé.

Banque de France [bulletin d’information]
La Banque de France, organisme d’État, publie un bulletin d’information sur la conjoncture économique du pays : Contrairement à ce qu’attendaient de nombreux analystes, la crise sanitaire n’a, pour l’heure, donné lieu à aucune reprise du surendettement. Ainsi, le nombre de dépôts de dossiers recule de 15% par rapport à 2019, année de référence compte tenu du caractère atypique de 2020... Et de préciser une triste particularité : Comparées à la population française, les femmes et les personnes isolées (séparées, célibataires ou veuves) sont plus exposées au risque de surendettement...« Les catégories socio-professionnelles des employés (30%), ouvriers (22%) et autres personnes sans activité professionnelle (28%) sont surreprésentées par rapport à leur poids dans la population française.

FI Bee
Pour ce site d’informations économiques et financières sur le net : Alors que le PIB français a affiché en 2019 sa plus forte baisse annuelle (-7,9%) depuis le début de la série en 1950, le nombre de dossiers de surendettement déposés en vue d’un rééchelonnement ou d’un effacement des dettes n’a non seulement pas progressé, mais s’est contracté de 24%. Outre les dispositifs favorables à l’inclusion financière et l’accent mis sur la protection du logement, qui ont certainement agi comme des stabilisateurs dans un contexte économique dégradé, plusieurs facteurs expliquent cette baisse, tels que des obstacles matériels au dépôt des dossiers de surendettement pendant le premier confinement sanitaire et l’importance des aides publiques de soutien au revenu des ménages. En 2021, sur les dix premiers mois, le niveau des dépôts de dossiers reste à un étage bas, à -16% par rapport à la même période de 2019. Reste que le surendettement existe toujours hélas et concerne particulièrement certaines catégories vulnérables de la population, celles connaissant la précarité de l’emploi et du salaire. Les femmes notamment.

Le Figaro
Le surendettement touche toujours davantage les femmes, selon la Banque de France. Les rémunérations inférieures à celles des hommes et le statut fréquent de cheffe de famille monoparentale sont à même d’expliquer cette différence avec les hommes, avance l’institution. Les femmes seules ou avec enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, malgré la baisse du nombre de dossiers parmi les Français, affirme une enquête publiée lundi [7 février] par la Banque de France. Le risque de surendettement est plus élevé pour les femmes, constate l’étude, centrée sur la typologie des ménages surendettés et portant sur l’année 2021. Elles représentent 54% des personnes surendettées de 25 à 54 ans.

La Provence
Le quotidien régional apporte quelques précisions, en termes géographiques et démographiques : Le directeur des particuliers de la Banque de France Marc Béguery souligne par ailleurs une petite hausse des dépôts de dossiers de surendettement des personnes jeunes, dans les tranches d’âges de 18-25 ans et 25-32 ans lors d’une conférence de presse. La région la plus touchée est de loin les Hauts-de-France.

Capital
Le magazine mensuel dessine les visages du surendettement. Si la baisse du surendettement est confirmée, le portrait-robot des victimes est lui inchangé depuis plusieurs années. Elles, sont âgées de 25 à 54 ans, locataires de leur logement aux trois-quarts, et sont soit employées, soit ouvrières ou au chômage. Plus de la moitié des Français surendettés (55%) sont séparés, célibataires ou veufs. Surtout, cause logique du surendettement, 60% vivent sous le seuil de pauvreté établi par l’Insee à 1 063 euros par mois. Ce taux est quatre fois plus important que leur part rap-portée à l’échelle nationale (14,3%), preuve de leur surreprésentation. A noter que le surendette-ment touche majoritairement les femmes (54%).
Mais qui détient les créances de ces ménages extrêmement précaires ? Aux deux tiers (68%), elles appartiennent à 10 grands groupes financiers ou bancaires, dont les 6 banques françaises disposant du plus grand réseau d’agences. Ces dettes prennent la forme de crédits à la consommation (36,3% du total), de crédits immobiliers (31,4%) ainsi que de dettes de charges courantes (impayés de loyers, dettes fiscales, factures énergétiques impayées).

DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques)
La Direction, relevant de trois tutelles ministérielles dont le secteur de la Santé et des Solidarités résume d’un titre bien inquiétant l’étude qu’elle a menée et publiée le 9 février : En France, les AVC sont plus fréquents, plus graves et moins souvent pris en charge en unité spécialisée pour les personnes les plus modestes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 2014 et 2017, la fréquence de survenue d’un accident vasculaire cérébral parmi les personnes appartenant aux 25% les plus modestes est 40% plus élevée que parmi celles appartenant aux 25% les plus aisées... Après un AVC, plusieurs séquelles peuvent survenir dont les plus fréquentes sont la paralysie et les troubles du langage. Appartenir aux 25% les plus modestes augmente le risque de 22% de paralysie qui persiste au-delà de 24 heures. De même pour les troubles du langage où le risque est accru de 11% chez les plus modestes par rapport aux personnes appartenant aux 25% les plus aisées.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération