#TDF - Christian Laborde : « En Renault Dauphine dans un lacet du Tourmalet »

Actualités par Baptiste Bouthier

Le col du Tourmalet, un passage mythique de la Grande Boucle. © ASO

Écrivain prolifique sur le cyclisme, Christian Laborde est sur RTL cet été après avoir écrit un nouvel ouvrage sur Jean Robic. Il raconte sa passion dévorante pour le vélo.

FO Hebdo : D’où vous vient votre passion féroce pour le Tour ?

Christian Laborde : Elle est née dans une cuisine des Hautes-Pyrénées, parce que je suis un enfant de la France de la toile cirée… J’avais deux types de héros : ceux des livres d’école, comme dans les romans d’Alexandre Dumas, et ceux qui sortaient de la bouche de mon père. L’hiver, il me racontait les exploits des géants de la route, de Coppi, Bartali, Vietto,… et l’été venu, nous partions en Renault Dauphine nous installer dans un lacet du Tourmalet, et je les voyais passer ces géants, Bahamontes, Anquetil, Poulidor, Darrigade, et plus tard Ocaña, Merckx, Hinault, Indurain, jusqu’à Armstrong, je les ai tous vus.

Qui avait votre préférence ?

Évidemment le champion préféré de mon père, Charly Gaul ! Pourtant je ne l’ai pas vu au bord de la route, j’avais trois ans lorsqu’il a gagné le Tour, en 1958… Je l’ai aimé à travers le récit que m’en faisait mon père. Puis j’ai écrit sur lui, L’Ange qui aimait la pluie (1994). Je suis allé lui apporter un exemplaire chez lui, au Luxembourg. Il m’a demandé de lui lire le chapitre où je raconte ses exploits dans la Chartreuse, en 1958, puis il m’a dit : « C’est exactement ça. » J’étais bouleversé d’avoir ému le maillot jaune Gaul, le héros de mon père.

Vous n’avez pas non plus connu Jean Robic, vainqueur du Tour 1947 et héros de votre nouveau livre…

Sur le bord des routes, quand un coureur amateur passait, on criait « vas-y Poupou ! » ou « vas-y Robic ! », il fait partie de la mémoire populaire. J’ai fini par me renseigner sur lui et j’ai découvert son histoire extraordinaire. Cette année on fête les 70 ans de l’édition 1947 et ce Tour est à part, c’est le premier après la Libération, et il voit la victoire du vilain petit canard des cycles, dont l’équipe de France ne voulait pas, qui était moqué lorsqu’il était gosse… Il va se venger. C’est un type cabossé qui va devenir le champion d’une France cabossée, il faut s’imaginer que toutes les villes de la côte atlantique sont encore en ruine à l’époque ! Avec une volonté terrible, Robic a su remporter le Tour d’une façon brillante, après l’avoir promis à son épouse lors de leur mariage, quelques jours avant le départ, quel romantisme… C’est un vrai personnage, et que recherche un écrivain sinon des personnages ?

Des champions d’aujourd’hui ont-ils aussi vos faveurs ?

J’aime les inclassables et le sportivement incorrect, alors j’aime beaucoup Lance Armstrong. C’est un héros de roman, un vrai gangster du vélo, et ça me plaît. Il a des aspérités, des excès. Aujourd’hui, je constate que les Tours de France sont un peu lisses, parce que les champions le sont. Sur une grande étape de quatre cols, on peut être sûr que les meilleurs vont attendre le dernier tiers du dernier col pour s’attaquer. Ça me fatigue.

Pour le cinquième été de suite, vous assurez aussi une chronique sur RTL, où vous vous faites plaisir…

Oui, c’est le règne du vagabondage ! Je fais ce que je veux en fonction du parcours, je peux évoquer un souvenir, un col, un grimpeur, un lieu, un bidon, un vieux maillot, le look d’un champion… Je permets aux auditeurs d’entendre des récits sur l’histoire du Tour. Et puis la voix m’intéresse, j’aime la radio, je suis un enfant de l’oralité, avec les récits de mon père… C’était ma bande FM à moi !

À lire : Robic 47, de Christian Laborde, aux éditions du Rocher, 21,90 euros.