L a mobilisation des salariés de Thales Alenia Space (TAS), branche aérospatiale du groupe Thales, a été massive contre le plan de réorganisation, le 17 septembre. Ils étaient 700 à Toulouse et 500 à Cannes à s’être rassemblés à l’appel d’une intersyndicale à laquelle participe FO, première organisation syndicale dans l’entreprise. Le fabricant de satellites, prétextant une baisse de commandes liée à l’arrivée de concurrents comme Space X, avait annoncé en mars dernier sa volonté de supprimer, d’ici fin 2025, 1 230 postes en Europe, dont 980 en France (sur 4 500), soit près d’un quart des effectifs nationaux.
Le plan prévoit la suppression de 650 postes à Toulouse et de 330 postes à Cannes. La direction se défend de tout licenciement sec en évoquant des reclassements dans d’autres activités du groupe, des départs volontaires ou en retraite anticipée.
FO s’oppose à ce plan qu’elle estime « précipité » et « inadapté » à la situation. « Il s’agit d’un raisonnement financier uniquement destiné à satisfaire les actionnaires, dénonce Benoît Lepeix, délégué central FO chez TAS et secrétaire adjoint du syndicat FO. Notre carnet de commandes est plein jusqu’à fin 2026, avec une charge de travail qui atteint déjà 110 %. »
Perte de compétences
Avec ces suppressions de postes, le militant redoute les effets d’une surcharge de travail supplémentaire pour les salariés qui resteront en poste. « Selon un cabinet d’expertise, l’épuisement professionnel des salariés est déjà bien avancé », alerte-t-il. Il craint aussi une perte de compétences liée aux nombreux départs, qui serait telle qu’elle pourrait mettre en péril le savoir-faire et la capacité de l’entreprise à exécuter les programmes en cours et à répondre aux appels d’offres.
L’intersyndicale multiplie les rencontres avec les élus locaux et nationaux pour les alerter de la situation. Une action au niveau de l’Europe est également prévue. En parallèle, les syndicats, qui font face à une direction inflexible, tentent de gagner du temps. En comité de groupe européen, le 10 septembre, les élus, s’appuyant sur le cabinet d’expertise Syndex, ont refusé de donner un avis, estimant qu’ils manquaient d’éléments et d’informations, occasionnant un retard dans le processus de mise en œuvre.