[Théâtre] « Penser qu’on ne pense à rien, c’est déjà penser à quelque chose », une pièce qui dit tout

Culture par Michel Pourcelot

Des dialogues au fil de l’absurde pour penser que penser même à rien c’est déjà quelque chose. À l’heure des grands discours creux, remettre les pensées à l’heure figure parmi les vertus de cette pièce de Pierre Bénézit présentée au Théâtre de Belleville, à Paris, jusqu’au 4 mars 2018.

Faire le vide dans sa tête en allant au théâtre… Penser qu’on ne pense à rien, c’est déjà penser à quelque chose est une pièce qui vous fait un nettoyage d’hiver avant un printemps où il faudra affronter une novlangue imposant son sens. Du fond de leur boutique, Paulbert et Gérald pensent que, de nos jours, tout a déjà été dit. Ils devisent de tout et de rien, surtout de rien, vaste sujet. Quand arrive Barbara en quête d’une bouteille de vin, de la rue Boulard et donc, a priori, pas du sens des mots, ni de la vie. Puis d’un rien, la conversation s’engage.

La conversation, art de combat

Pour servir les dialogues qui détricotent les significations, une brochette d’acteurs adéquats était nécessaire. Ce sont Vincent Debost, Olivier Broche, révélé par les Deschiens, et Anne Girouard, la reine Guenièvre dans Kaamelott, qui pour asseoir leurs dires partent en vrille. Ingénu sans doute, Pierre Benezit s’interroge : Ce cauchemar loufoque, si je tente de l’analyser, pourrait nous interroger sur le terrain du prêt-à-penser, d’un conformisme inné, acquis ?. Comme Paulbert le constate : Ils n’ont jamais pensé que le temps arriverait jusqu’à nous, alors ils ont parlé, parlé et encore parlé. Et maintenant, plus rien à dire, tout ça à cause de ces égoïstes. Sauf si l’on remet du sens dans le réservoir à paroles, ce qui n’est pas un défi si insensé.

Penser qu’on ne pense à rien, c’est déjà penser à quelque chose, pièce écrite et mise en scène par Pierre Bénézit. Avec Vincent Debost, Anne Girouard et Olivier Broche (ou Luc Tremblais les 9, 13, 18, 20, 27 janvier et les 2, 6, 8 et 10 février).
Jusqu’au 4 mars (du mercredi au samedi à 19h15 et le dimanche à 15h). Relâches les 24 et 31 décembre 2017.
Au Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris.
M° Goncourt ou Belleville. www.theatredebelleville.com.
Réservations : 01 48 06 72 34 ou reservations@theatredebelleville.com
Durée : 1h15. Tarifs de 15 à 25€ (10€ pour les - de 26 ans).

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante