Tour Eiffel : les salariés en grève pour dénoncer le malaise social

Emploi par Clarisse Josselin

Photographies : F. Blanc (CC-BY-NC 2.0)

Les salariés de la Tour Eiffel sont en grève reconductible depuis le 13 décembre, à l’appel d’une intersyndicale FO-CGT. Ils dénoncent un management « inapproprié », l’« infécondité » du dialogue social et l’absence de transparence sur les décisions stratégiques. Les négociations peinent à avancer et le monument reste fermé au public.

Quelques rares touristes, perches à selfies en main, se prennent en photo au pied de la Tour Eiffel, dont les ascenseurs et les escaliers sont fermés au public depuis le 13 décembre. La quasi totalité des 300 salariés sont en grève, à l’appel d’une intersyndicale FO-CGT. La mobilisation a été reconduite en assemblée générale le 14 décembre.

Au coeur de leurs revendications, ils dénoncent l’absence de dialogue social, depuis l’arrivée d’une nouvelle directrice il y a un an, et le manque de transparence sur les décisions stratégiques. Le monument est géré et entretenu par la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE), qui a depuis l’été dernier le statut de société publique locale (SPL), où Paris est actionnaire à 100 %.

Une grosse campagne de peinture en 2017

Les syndicats voudraient notamment être informés sur le futur programme contractuel d’investissement pour les années à venir, élaboré dans le cadre du renouvellement de la concession en octobre 2017. Il contient un plan de travaux lourds, qui impacteront à la fois le devenir du monument, les conditions d’accueil des visiteurs et les conditions de travail.

Ils souhaitent également être consultés sur la prochaine campagne de peinture qui débutera en 2017 et devrait comporter un décapage partiel du monument. Ce dernier pourrait représenter des risques sanitaires pour le personnel, en raison de la présence de plomb. Malgré l’engagement de la direction, aucune information n’a été transmise aux organisations syndicales, dénonce l’intersyndicale dans un tract. Ils voudraient aussi être consultés sur la sécurisation du site.

Gel des embauches de personnel d’exploitation

On veut de l’écoute, des réponses et de la transparence, résume Hatim Aba Boussayr, responsable FO sur le site. Avec les autres directions, on travaillait ensemble. L’ancienneté est en moyenne de 20 ans, il y a un véritable savoir-faire des salariés.

Autre source de colère, le militant FO dénonce une nouvelle politique managériale à l’américaine, comme chez Disney ou Mac Do. Il pointe aussi l’embauche de cadres, alors que les effectifs nécessaires à l’exploitation du monument sont gelés. Quand on demande une formation adaptée sur la sécurité, après les attentats, on nous dit qu’il n’y a pas les budgets, poursuit le responsable FO. Mais des sommes colossales sont consacrées à la formation des cadres pour le management.

Des salariés déterminés

Il y a quelques semaines, une lettre ouverte signée par 200 des 300 salariés avait été envoyée à la directrice pour l’alerter du malaise social. Mais elle était restée sans effet. L’intersyndicale a donc lancé l’appel à mobilisation. Nous avons volontairement choisi une période de basse fréquentation, précise Clément Bain, délégué FO.

La négociation a réellement démarré dans la matinée du 14 décembre. Ça avance très doucement, on ne négocie pas avec la directrice mais avec le DRH, déplore-t-il. On aborde surtout le problème managerial. La direction ne comprend pas qu’on puisse être choqués par les nouvelles méthodes, elle veut trancher seule.

La « Dame de fer » accueille 7 millions de visiteurs chaque année. Dans la période basse actuelle, ils sont en moyenne 6 000 par jour. Mais dès la semaine prochaine, avec les vacances scolaires, la fréquentation dépassera les 20 000. Les salariés, très déterminés, sont prêts à tenir dans la durée.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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