Tourisme : les salariés de TUI France mobilisés contre le plan social de la direction

InFO militante par Evelyne Salamero

© E. Salamero

Venus de toute la France, ils étaient 250 à s’être rassemblés ce 8 septembre devant le siège social de TUI, la filiale française du géant allemand du tourisme (numéro un mondial), à l’appel de toutes les organisations syndicales, dont FO. Les salariés du voyagiste français, sont confrontés à un plan social sans précédent. Ils refusent les conditions de départ mises sur la table par la direction. Des conditions « inadmissibles », dénonce FO.

Pas moins de 58 agences Tui France sur 65 étaient fermées pour cause de grève, ce 8 septembre, à la veille d’un CSE extraordinaire consacré au plan social annoncé fin juin par la direction. Partis tôt le matin de nombreuses villes de France (Toulouse, Saint-Etienne, Strasbourg, Metz, Lyon, Dijon, Grenoble, Mulhouse…), les vendeurs, employés, agents de maîtrise et cadres, sont venus rejoindre leurs collègues du siège social de Tui France, à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, en région parisienne. Durant plus de deux heures, ils ont tous crié leur colère sous les fenêtres du voyagiste français, filiale du groupe allemand, numéro un mondial du secteur. Ils étaient 250 rassemblés sous les banderoles des organisations syndicales, dont celles du syndicat FO.

65% des emplois supprimés

Tui France a été le premier voyagiste français à annoncer un plan social au motif de la crise sanitaire. Pas moins de 583 emplois sur 904 vont être supprimés, soit 65% de l’effectif, a indiqué la direction le 24 juin dernier. Près de la moitié des suppressions d’emplois concernent les services du siège. De plus, la direction se défait de la totalité de ses agences. L’affaire devrait être close d’ici le 31 décembre.

Le 23 octobre, le CSE devra rendre son avis définitif sur le plan social, avant son homologation par le secteur travail et emploi de la Direccte. D’ici là, face à la mobilisation, la direction, en la personne du P-DG de la Western Region de Tui, Elie Bruyninckx, a fini par accepter de rencontrer les organisations syndicales, en visioconférence, le 14 septembre prochain.

Le groupe a été soutenu par l’État allemand à hauteur de 3 milliards d’euros

Les organisations syndicales revendiquent notamment un congé de reclassement plus long que celui proposé par la direction : douze mois pour les moins de 50 ans et 18 mois pour les autres, au lieu des six et huit mois proposés par la direction, de façon à ce que les salariés puissent avoir une chance de réussir leur reconversion et de retrouver un emploi. Ce congé doit être payé à 100% du salaire net, souligne le syndicat FO.

Jorge Partida explique : La plupart des salariés ont plus de vingt ans d’ancienneté dans l’entreprise. La moyenne d’âge est entre quarante et cinquante ans. Le marché du travail est actuellement très difficile. Comment accepter que ces salariés qui ont travaillé pour l’agence depuis tant de temps ne perçoivent que 15 à 20 000 euros pour partir ? Certes l’entreprise subit la crise sanitaire, mais le groupe a été soutenu financièrement par l’État allemand à hauteur de trois milliards d’euros, dont 90 millions pour le plan social en France. Or ce que la direction française propose ne représente que 50 à 55 millions d’euros. Il reste donc encore de la marge pour pouvoir nous indemniser dans des conditions décentes.

Le match n’est pas terminé

Les organisations syndicales revendiquent également la négociation d’une indemnité de licenciement supra-légale, ainsi qu’un budget formation de 20 000 euros par personne et une prime de 25 000 à 30 000 pour toute création d’entreprise.

Prenant la parole lors du rassemblement de ce 8 septembre, Jorge Partida s’est indigné : Dans ce combat inégalitaire, on nous a dit dès le début que nous étions perdants. Mais la mobilisation d’aujourd’hui montre que le match n’est pas terminé. Nous sommes tous conscients que les conditions de départ que nous propose la direction sont inadmissibles (…) Nous devons nous battre, tous ensemble, pour partir dignement.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante