Transformation ou démolition de la Fonction publique : lancement du chantier

Revue de Presse par Michel Pourcelot

Photo : F. Blanc

Le projet de loi de transformation de la Fonction publique, visant à y opérer « une profonde modernisation du statut et des conditions de travail », a été présenté en Conseil des ministres le 28 mars 2019. La presse s’est interrogée sur son contenu. Aperçus.

La Voix du Nord
Ce que prévoit la loi sur les fonctionnaires qui s’inspire des règles du secteur privé ? Rien de moins que recours aux contractuels et aux contrats tous azimuts, fusion et restriction des instances de dialogue social, détachement d’office, … Un mitraillage en règle et règlements rejeté unanimement par les syndicats qui accusent le gouvernement de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du secteur privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents à l’égard du pouvoir. D’autant que, défendu par le gouvernement comme une nécessité pour rendre la fonction publique "plus attractive et plus réactive face aux nouvelles attentes des citoyens, ce projet de loi s’inscrit dans un objectif de suppression de 120000 postes d’ici à 2022. Une méthode à la Diafoirus : l’amputation pour plus d’agilité.

L’Est Républicain
Et pour saigner les rangs, on n’hésite pas à employer l’artillerie lourde. Objectif : ouvrir le front du Café du Commerce, avec un rapport opportunément tombé comme un obus de mortier, sur le temps de travail des fonctionnaires : En politique, on le sait tous les coups sont permis. Ici, il s’agit d’engager une promesse électorale de réduction d’effectif et d’envoyer des messages à des Français qui ont souvent l’impression qu’il y a deux types de salariés : les fonctionnaires et les autres. Les défenseurs de la Fonction publique dénoncent un amalgame et un rapport d’opportunité à la veille de la présentation d’un projet de loi de transformation de la Fonction publique. Pour sensibiliser l’opinion à la nécessité de réforme, le rapport tombe au mieux. Si on y ajoute un besoin de rétablir de l’équité entre les Français notamment face au travail, la défense des droits acquis pourrait ne pas peser lourd. Le grand débat peut avoir en plus bon dos au moment où le contexte national n’est pas apaisé. La ficelle peut sembler grosse. Le sujet est clivant et peut raviver les oppositions entre Français. Mais si la réforme inspirée du rapport n’aggrave pas plus la capacité, déjà entamée, de l’État à assurer un service public minimum jusque dans les zones les plus isolées du pays alors elle peut être audible.

Le Monde
Pourtant, Ces dernières semaines de débats l’ont montré : une partie des Français veulent plus de services publics ou en tout cas retrouver une relation moins déshumanisée avec certaines administrations. Dans ce contexte très sensible, le gouvernement peut-il encore tenir la promesse présidentielle de supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’État et 70 000 dans les collectivités locales pendant le quinquennat ? La question est posée… Réponse : Malgré l’hiver éruptif qu’a traversé le pays, le pouvoir n’a jamais abandonné cet objectif. Cette promesse sera tenue, a encore affirmé Gérald Darmanin, le 27 février. Un but que le ministre de l’action et des comptes publics justifie d’ailleurs par… le grand débat : Il ne faut pas faire comme s’il n’y avait pas eu de grand débat. Le signe que l’on donne, c’est qu’il faut que l’État se transforme. Il faut que l’État dépense moins, parce que, s’il dépense moins, il y aura moins d’impôts. Et moins d’exemptions et de cadeaux aux entreprises ?

Les Echos
En parlant du privé, il est prêt à tirer les marrons du feu d’une autre rapport brûlot : Une plus grande externalisation des services publics est suggérée dans un rapport remis ce mercredi à Bercy. Avec l’ambition de répondre à la fois aux besoins exprimés par les Français de davantage de services de proximité et à la nécessaire réduction des dépenses de l’État. Selon ce rapport remis à Gérald Darmanin, par la société Welhelp, spécialisée en externalisation et créée en 2000 en… Roumanie, des gains budgétaires de 20 % à 40 % peuvent être ainsi réalisés. Les enjeux financiers sont considérables : en s’alignant sur les meilleures pratiques dans le monde, jusqu’à 25 milliards d’économies par an pourraient être réalisées, ont calculé les auteurs du rapport. 25 milliards ! Services compris ?

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante