Transformation : vertus privées et vices publics

LE MOT par Michel Pourcelot

JEENAH MOON/The New York Times-REDUX-REA

En matière économique, le mot transformation ne recouvre pas un simple changement. Le fait de le trouver dans un intitulé législatif ne découle pas d’une simple coquetterie terminologique : ainsi la « loi de transformation de la Fonction publique » devrait selon le gouvernement « permettre de bâtir la fonction publique du XXIe siècle, avec plus de souplesse et plus de mobilité », la rendant ainsi « plus agile, plus ouverte et plus attractive ». Traduction : des emplois en moins, plus de recours aux contractuels, rupture conventionnelle comme dans le privé... Un privé paré de toutes les vertus.

Modification de la nature

Un organisme tel que la Banque mondiale emploie d’ailleurs "transformation" comme synonyme de processus de privatisation de la sphère publique. Pour elle, cette « transformation économique suppose une modification de la nature des emplois et des tâches que les travailleurs accomplissent, mais aussi des lieux et modalités de ces activités ».

Historiquement, le mot en ce sens trouverait sa source chez l’économiste allemand Walter Eucken (1891-1950), un des inspirateurs de l’« ordo-libéralisme ».

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante