Transport aérien : une rentrée sociale à réactions

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Photo de FlightReal (Flickr : Airbus A320 Vueling EC-JTR) [CC BY 2.0], via Wikimedia Commons

Alors qu’en cette période de villégiature, les vacanciers et utilisateurs des compagnies aériennes ont encore la tête dans les nuages, du côté des personnels navigants commerciaux (PNC) de plusieurs compagnies l’heure est en revanche aux inquiétudes sociales.

Grève à l’automne chez EasyJet

Au sein de la compagnie britannique low cost EasyJet dont les salariés se sont mis plusieurs fois en grève ces dernières années, les tensions sociales restent patentes.

Tandis que le 22 août le principal syndicat de pilotes néerlandais a lancé une grève surprise (la 3e en quelques mois) à Amsterdam afin de demander entre autres une meilleure convention collective, de leur côté, les personnels navigants commerciaux (500 PNC) français annoncent d’ores et déjà deux mouvements de grève à l’initiative du SNPNC-FO.

Le mouvement devrait avoir lieu du 20 octobre au 2 novembre et du 22 décembre au 2 janvier.

Les salariés fustigent en effet le non-respect de l’accord collectif PNC signé au sein de la compagnie en 2009. Ils contestent aussi le non-respect d’un accord sur la prévoyance signé dans le cadre des NAO de 2015 et par ailleurs l’absence de versement de primes aux navigants commerciaux à l’occasion des changements soudain de plannings.

Ce versement de primes pour « instabilité de planning » est cependant prévu par accord pour l’ensemble de l’équipage. « Or, pour l’instant seuls les pilotes en bénéficient » s’indigne David Collet pour le SNPNC-FO.

Des négociations après la menace d’une grève chez Vueling

Chez Vueling compagnie d’origine espagnole qui offre une vingtaine de destinations au départ de Pars-Orly, les hôtesses et les stewards français (une cinquantaine de salariés) ont dû menacer la direction du lancement d’une grève du 26 au 30 août avant que leurs revendications soient entendues.

Dès lundi prochain 29 août le SNPNC-FO négociera avec la direction et ce pendant un mois pour bâtir un accord collectif PNC qui devra régir les règles de travail, les carrières et les rémunérations des navigants commerciaux. Ce sera la première négociation pour un tel accord dans cette compagnie.

Pour l’instant, celle-ci « se développe au bénéfice du dumping social, en mettant tout en œuvre pour abaisser le coût salarial de ses personnels navigants commerciaux » s’indignait ces derniers jours la fédération FO des Transports et services (FEETS-FO) apportant son soutien aux personnels.

Chez Vueling indique en effet David Collet pour le SNPNC-FO initiateur de ce récent appel à la grève « les salaires des PNC se situent en dessous du Smic. Seul l’octroi de primes permet aux salaires de se hisser péniblement au niveau du minimum légal ».

A cette situation s’indigne encore FO, s’ajoute la multiplication des heures supplémentaires mal payées dans cette compagnie aux effectifs réduits. Ainsi explique David Collet, aux 75 heures de vols/mois qui équivalent à un contrat à temps plein pour les PNC, s’ajoutent de nombreuses heures supplémentaires payées selon un forfait.

La direction a ainsi fixé le forfait de l’heure supplémentaire de vol au montant rudimentaire de 12,50 euros. Pour le SNPNC-FO, ce forfait devrait s’élever au moins à 20 ou 21 euros.

Attente d’un calendrier de négociations à Air France

Air France : Ainsi les hôtesses et stewards d’Air France dont les trois syndicats dont le SNPNC-FO ont repris hier 24 août des négociations sur le prochain accord collectif avec la direction sont désormais « en attente d’un calendrier » de discussions indique Christophe Pillet pour FO.

Le syndicat à l’initiative d’une grève d’une semaine massivement suivie par les PNC (13600 salariés) à la fin de juillet, « souhaite que ces négociations aboutissent d’ici la fin octobre », date de l’expiration de l’accord actuel.

FO n’est pas favorable à la proposition de la direction semblant vouloir attendre l’annonce prévue en novembre par le nouveau P-DG du groupe Air-France-KLM d’un plan industriel global pour le groupe.

Par ailleurs indique Christophe Pillet, le SNPNC-FO « n’est pas favorable non plus à l’idée de la direction d’Air-France d’élaborer non pas un unique accord collectif PNC mais plusieurs qui seraient assortis de durées de vie différentes ».

Parallèlement à ce premier pas vers des négociations le 24 août, la rentrée sociale s’annonce d’ores et déjà tendue à Air France. L’ensemble des salariés de la compagnie appellent ainsi à manifester les 27 et 28 septembre devant le tribunal de Bobigny pour demander la relaxe de quinze salariés accusés d’avoir commis le 5 octobre dernier des actes de violence lors d’une manifestation déclenchée par l’annonce de la direction d’un plan de 2 900 suppressions d’emplois.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante